Facebook : procédures contre un groupe « secret » visant à humilier des femmes
Facebook : procédures contre un groupe « secret » visant à humilier des femmes
Par Michaël Szadkowski
Le site d’information « 20 Minutes » révèle l’existence d’une enquête, et de procédures, contre un groupe nommé « Femmes indignes » qui a rassemblé des dizaines de milliers de membres, aux propos très violents.
Le site d’information 20 Minutes révèle, vendredi 5 juillet, l’existence d’une procédure judiciaire visant un groupe Facebook français ayant rassemblé des dizaines de milliers de membres, et dont l’objectif était d’humilier violemment des femmes. Ce groupe secret, non accessible dans le moteur de recherche de Facebook, et dénommé « Femmes indignes 6.0 résurrection », ne pouvait se rejoindre que sur invitation d’autres membres.
Il été fermé par Facebook il y a quelques mois, selon les informations données au Monde par le réseau social. D’après 20 Minutes, il comptait 56 000 membres au début de l’année 2017, dont certains postaient des phrases violentes contre les femmes, des commentaires obscènes et des photos à caractère pornographique. Le site d’information évoque comme « objectif » des membres du groupe : « partager des photos intimes, de femmes ou de jeunes filles pour les humilier », avec des commentaires réduisant les femmes au statut « d’objet sexuel ou ménager ».
« C’était des photos parfois très explicites, accompagnées de nombreux commentaires dégradants. Parfois même des photos vraisemblablement volées et prises pendant l’acte sexuel », explique au Monde Eric Deprez, avocat à Paris, qui a déposé les plaintes du Collectif féministe contre le viol, ayant entamé des actions en justice contre ce groupe Facebook. Il évoque des « cinquantaines de captures d’écran » remises au procureur dans ce dossier, qui font selon lui office de preuves ; certaines sont publiées directement par 20 Minutes.
« La réponse de Facebook a été inadaptée »
Deux plaintes, précisément, ont été déposées, selon le site d’information : la première, en novembre 2017, pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » et « mise en péril de mineurs », a été classée sans suite quelques mois plus tard en raison des difficultés à identifier les femmes sur les photos. La seconde plainte a été déposée en mai 2018, pour « provocation à la haine ou à la violence en raison du sexe » et « injure publique en raison du sexe ». L’enquête a été confiée à la brigade de répression de la délinquance sur la personne (BRDP), qui vient de transmettre ses conclusions au parquet.
Mais la fermeture du groupe Facebook a pu gêner l’enquête, déplore l’avocat Eric Deprez au Monde. « La réponse de Facebook a été inadaptée. Il ne fallait pas fermer le groupe immédiatement : il faut laisser les enquêteurs faire leur travail, trouver les informations sur le groupe, sur les auteurs des messages haineux, les prendre en flagrant délit, puis, une fois les informations nécessaires récoltées, faire fermer le groupe », explique-t-il au Monde, sans savoir toutefois si le réseau social a pu transmettre des informations utiles aux enquêteurs.
Du côté de Facebook, le réseau social a simplement confirmé au Monde que la fermeture du groupe avait eu lieu en raison de violations répétées des conditions d’utilisation de Facebook en termes de nudité et de pornographie.