A Alger, ruée sur les billets pour la finale de la CAN 2019 au Caire
A Alger, ruée sur les billets pour la finale de la CAN 2019 au Caire
Le Monde.fr avec AFP
Les autorités algériennes ont affrété 28 vols spéciaux pour transporter 4 800 fans des Fennecs en Egypte.
Le 16 juillet 2019, les fans des Fennecs font la queue à Alger pour arriver à acheter un billet « tout compris » pour partir au Caire, en Egypte, afin d’assister à la finale de la CAN, Algérie-Sénégal. / RYAD KRAMDI / AFP
Certains ont passé la nuit à la belle étoile ou patientent depuis l’aube, parfois après des kilomètres de route. Plusieurs milliers d’Algériens se sont massés, mardi 16 juillet, des heures durant devant un stade d’Alger pour obtenir le sésame afin d’aller soutenir au Caire l’équipe nationale en finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN).
Pour permettre aux supporteurs des Fennecs d’aller soutenir leur équipe, les autorités algériennes ont mis en place un véritable « pont aérien » devant permettre à 4 800 d’entre eux de s’envoler pour l’Egypte. L’Algérie, dont c’est la première finale de CAN depuis leur unique titre en 1990, affrontera, vendredi, le Sénégal et ses Lions de la Teranga.
Un mois de salaire
Au total, 28 avions décolleront dans la nuit de jeudi à vendredi de quatre villes du pays : 13 de la compagnie nationale Air Algérie, six de la filiale aérienne du géant public pétrolier Sonatrach et neuf de l’armée.
A l’ouverture des guichets à 8 heures locales, au grand Stade du 5-Juillet, les fans sont déjà très nombreux. Venu la veille de Bouira, à une centaine de kilomètres de route d’Alger, Raouf Benali, 21 ans, raconte à l’AFP avoir « passé la nuit sous un arbre ». Il n’est pas le seul. Plus prévoyant, Maamar, 31 ans, arrivé la veille au soir de Chlef, après avoir avalé 200 km de route, a pris soin d’emmener son matelas.
Mais leurs efforts ne leur garantissent pas une place. La police, déployée en grand nombre, « n’a laissé entrer qu’une dizaine de personnes avant de fermer les entrées », peste Raouf Benali, sans emploi, à qui sa famille paye le voyage. Maamar, lui, a pu entrer dans le stade, « mais à la suite d’une bousculade, la police nous a fait sortir », lâche-t-il avec regret. « Je crois que je vais devoir me contenter de regarder le match à la télévision ».
Au plus fort dans la matinée, les fans amassés le long des barrières métalliques sont environ 5 000, tous munis d’un passeport, d’un extrait de naissance et des 35 000 dinars (environ 260 euros), une somme qui paiera le vol aller-retour, le transfert vers le stade de la finale et le billet. Un prix bien inférieur à la valeur réelle d’un tel voyage, mais proche du salaire mensuel moyen net en Algérie qui s’élève à 40 000 dinars.
Scène de liesse à Alger, le 14 juillet 2019, après la qualification des Fennecs à la finale de la CAN. / RYAD KRAMDI / AFP
Les Algériens qui parviennent à entrer dans le stade d’Alger s’inscrivent auprès des agents d’un organisme public de tourisme et reçoivent un document qui leur permettra de faire partie du voyage.
Une file est réservée aux femmes, bien moins nombreuses que les hommes, très majoritairement jeunes. « Les femmes ont eu de la chance : celles qui se sont présentées ont toutes pu facilement s’inscrire », remarque Mohamed Zemmar, étudiant de 22 ans qui a fait le trajet depuis Bouira la veille et attend toujours.
Dans une atmosphère souvent tendue et une ambiance chaotique, les supporteurs ont patienté des heures, sous un soleil de plomb. Chaleur et frustration ont parfois provoqué énervement et bousculades : des barrières métalliques ont été renversées, poussant la police à intervenir.
« Je ne vais pas abandonner »
A la mi-journée, plus d’un millier de personnes patientaient toujours dans une chaleur accablante sans savoir si des places, et combien, étaient encore disponibles.
« C’est éprouvant, mais je ne vais pas abandonner », promet Hichem Issad, agent de surveillance de 28 ans, arrivé à l’aube de Baraki, dans la banlieue sud-ouest d’Alger.
La mort dans l’âme, Lotfi Titah, 31 ans, a, lui, renoncé. « J’ai franchi l’entrée mais les agents » ont temporairement interrompu l’enregistrement « après avoir été pris d’assaut subitement par une foule de fans », a-t-il expliqué.
Pour les quarts et demi-finale des Verts, Air Algérie avait affrété plusieurs vols spéciaux à des prix « sponsorisés », pour transporter les supporteurs en Egypte.
Et fin 2009, un « pont aérien » similaire de 30 vols spéciaux avait transporté 10 000 supporteurs vers Khartoum, où l’Algérie disputait un match d’appui face à l’Egypte, pour la qualification au Mondial 2010, quelques jours après des violences contre des joueurs et supporteurs algériens au Caire.