Le chlorpyrifos, insecticide toxique, reçoit un avis négatif de l’Agence européenne pour la sécurité des aliments
Le chlorpyrifos, insecticide toxique, reçoit un avis négatif de l’Agence européenne pour la sécurité des aliments
Le Monde.fr avec AFP
L’exposition à ce pesticide pendant la grossesse ou lors des premiers mois de l’enfant est associée à des déficits de QI ou à un retard de développement mental.
Un pas vers un retrait du marché ? L’Agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) estime vendredi 1er août que le chlorpyrifos, un insecticide dont les effets nocifs ont été prouvés par des études scientifiques, ne remplit pas les critères pour que son autorisation soit renouvelée dans l’Union européenne (UE).
Au mois de juin, Le Monde et plusieurs journaux européens avaient publié une enquête sur la toxicité du chlorpyrifos, longtemps ignorée par l’UE.
L’article relevait que les données scientifiques venant de plusieurs études de suivi des populations, menées aux Etats-Unis, se recoupaient. Elles montrent qu’une exposition au chlorpyrifos ou à ses cousins organophosphorés, avant la naissance ou dans les mois qui suivent, est associée à des déficits de QI, à un retard de développement mental, une mémoire de travail réduite, des troubles de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
« Effets génotoxiques et neurologiques »
Le chlorpyrifos fait actuellement l’objet d’une évaluation scientifique menée par l’EFSA dans le cadre de sa demande de réautorisation – sa licence dans l’UE expire à la fin de janvier 2020. Si l’étude n’est pas tout à fait finalisée, l’EFSA affirme d’ores et déjà que la substance « ne répond pas aux critères requis par la législation pour le renouvellement de son autorisation dans l’Union européenne ». Selon nos informations publiées en juin, la Commission européenne s’apprête à proposer son retrait du marché.
La Commission européenne, qui chapeaute les comités d’experts chargés d’étudier les demandes d’autorisation en matière de pesticides, a demandé à l’EFSA de fournir une première évaluation des résultats disponibles en matière de santé humaine, explique l’agence.
« L’EFSA a identifié des problèmes sur de possibles effets génotoxiques ainsi que des effets neurologiques pendant le développement, soutenus par des données épidémiologiques indiquant des effets sur les enfants. Cela signifie qu’aucun niveau d’exposition sûr – ou de valeur de référence toxicologique – ne peut être fixé pour la substance. »
Déjà interdit dans certains pays de l’UE
Après la mise sur le marché de l’insecticide en 2005, dans le cadre d’une procédure différente, car l’EFSA n’en était alors qu’à ses débuts, l’agence européenne a effectué depuis plusieurs mises au point, en révélant certains risques et en abaissant les niveaux résiduels autorisés.
L’EFSA avait également indiqué à la mi-juin que son évaluation en cours inclurait une étude réalisée aux Etats-Unis et publiée en mars. Selon Le Monde, cette étude « montre une augmentation de la fréquence de l’autisme et de lésions cérébrales précoces chez des enfants exposés au chlorpyrifos avant et après la naissance ».
Huit pays de l’UE ont déjà interdit sur leur territoire des produits contenant du chlorpyrifos. Depuis 2016, la France ne permet plus qu’une exception, pour les épinards.
Pour être commercialisée dans l’UE, une substance doit être autorisée par un comité d’experts composé de représentants des Etats membres et présidé par la Commission européenne. Chaque pays est ensuite responsable d’autoriser au non les produits qui contiennent cette substance.