Vivendi prêt à accueillir le chinois Tencent au capital d’Universal Music
Vivendi prêt à accueillir le chinois Tencent au capital d’Universal Music
LE MONDE ECONOMIE
Le géant chinois est entré en discussion avec le groupe de Vincent Bolloré. Il pourrait acheter jusqu’à 20 % des parts du numéro mondial de la musique.
La major américaine Universal Music Group a enregisté un chiffre d’affaires de 6 milliards d’euros en 2018. / Arnd Wiegmann / REUTERS
Tencent au capital d’Universal Music ? Voilà qui ne devrait guère contribuer à apaiser les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Ces derniers mois, les rumeurs d’une arrivée du géant chinois du numérique au capital de la pépite du groupe de médias français (Canal+, Havas, Editis…) allaient bon train. C’est désormais officiel : Vivendi a annoncé, mardi 6 août, avoir débuté des « négociations préliminaires », mais non exclusives, avec le conglomérat Tencent en vue de lui céder 10 % de ses parts dans sa filiale à succès, Universal Music Group (6 milliards d’euros de chiffre d’affaires). Le tout, sur la base d’une valorisation de la major américaine de 30 milliards d’euros. Un prix dans la fourchette des estimations des analystes, qui évaluaient la valeur de l’entreprise entre 17 et 44 milliards d’euros d’après une note de Jefferies.
En juillet 2018, Vivendi avait évoqué son souhait de se défaire d’une partie du capital de sa filiale, précisant néanmoins vouloir garder le contrôle de cet actif stratégique, devenu la vache à lait du groupe de médias avec plus de 44 % de ses revenus provenant de la major au premier semestre.
Selon l’accord en cours, la firme de Shenzhen pourrait grimper à terme jusqu’à 20 % du capital d’Universal Music. Tencent disposera en effet pendant un an d’une option d’achat lui permettant d’acquérir 10 % de parts supplémentaires à des conditions financières identiques. Au total, cette opération pourrait donc permettre au groupe de Vincent Bolloré d’empocher jusqu’à 6 milliards d’euros. Une perspective qui a immédiatement dopé le cours de Vivendi à la Bourse de Paris, ce dernier progressant de près de 9 % à l’ouverture des marchés ce mardi.
L’arrivée de ce poids lourd asiatique du numérique chez Universal Music est loin d’être anodine. « Avec Tencent, Vivendi espère renforcer la promotion des artistes d’Universal Music » et « promouvoir de nouveaux talents sur de nouveaux marchés », indique le groupe. Tencent, propriétaire de l’application WeChat, est extrêmement populaire en Chine, où il est, entre autres, devenu la principale plate-forme de divertissement musical en ligne du pays grâce à sa filiale Tencent Music Entertainment. Or, bien qu’il soit aujourd’hui le numéro un mondial de l’industrie de la musique, devant le japonais Sony et son compatriote américain Warner, Universal Music reste encore peu présent sur ce marché à la croissance très prometteuse et mise donc sur Tencent pour lui en ouvrir les portes.
Un secteur en croissance
La major profite d’une conjoncture favorable. Après plus d’une décennie d’atonie à la suite de l’effondrement des ventes physiques de disques, le marché de la musique est aujourd’hui en plein rebondissement, dynamisé par l’essor de l’écoute de la musique en ligne sur les plateformes spécialisées (Spotify, Deezer, Apple Music…). Le marché mondial de la musique enregistrait ainsi une croissance de 9,7 % de ses revenus l’année passée selon la Fédération internationale de l’industrie phonographique (IFPI), le streaming représentant désormais 47 % du chiffre d’affaires du secteur.
Pour Tencent, une prise de participation au capital d’Universal Music, maison d’artistes à succès tels qu’Ariana Grande, Rihanna ou encore le rappeur Drake, et de prestigieux labels (Capitol, Island, Def Jam, Polydor, EMI, Deutsche Grammophon…), est l’opportunité de muscler son offre de contenus, en plus de la promesse de juteux profits.
Le groupe chinois n’est pas le seul à s’intéresser de près à la pépite de Vivendi. Le groupe de Vincent Bolloré, qui ambitionne de développer sa filiale sur de nouveaux marchés, a d’ailleurs précisé qu’il poursuivait, en parallèle de ses discussions avec Tencent, son processus de cession de participation minoritaire à d’autres partenaires. Des fonds financiers, notamment asiatiques et américains, seraient sur les rangs.