Bangladesh : feu vert à l’exécution du chef du principal parti islamiste
Bangladesh : feu vert à l’exécution du chef du principal parti islamiste
Le Monde.fr avec AFP
La Cour suprême du Bangladesh a confirmé la condamnation à mort de Motiur Rahman Nizami, pour crimes de guerre, ouvrant la voie à son exécution dans les prochains jours.
Cette condamnation concerne une nouvelle fois les crimes commis lors de la guerre d’indépendance de 1971 au Bangladesh. La Cour suprême du pays a confirmé jeudi 5 mai la condamnation à mort du dirigeant du principal parti islamiste, Motiur Rahman Nizami. Ce dernier, chef du parti Jamaat-e-Islami, a été condamné pour meurtre, viol et pour la planification des meurtres d’intellectuels pendant la guerre d’indépendance de 1971 au Bangladesh.
« Nous sommes satisfaits. Il n’y a plus d’obstacle à son exécution sauf s’il demande la grâce au président et que le président la lui octroie », a dit l’avocat général, Mahbubey Alam, après la décision de la Cour. Aucun condamné pour crime de guerre n’a été gracié au Bangladesh et Nizami, 73 ans, pourrait être pendu dans les prochains jours.
A l’origine de la création de milices
Motiur Rahman Nizami est devenu le chef du Jamaat en 2000 et a été ministre du gouvernement soutenu par les islamistes entre 2001 et 2006. L’accusation estime que le dirigeant a joué un rôle de premier plan dans la création de la milice islamiste propakistanaise Al-Badr qui a tué intellectuels, médecins et journalistes lors de la guerre d’indépendance.
Les corps des victimes avaient été retrouvés les yeux bandés, les mains liées dans un marais de la banlieue de la capitale. Motiur Rahman Nizami avait ordonné ces meurtres pour « paralyser intellectuellement » ce pays en devenir, a estimé l’accusation.
Un procès contesté
L’islamiste a été condamné en 2014 par le Tribunal international des crimes du Bangladesh (ICT), une juridiction controversée mise en place en 2010 par le gouvernement et qui a reconnu coupables plus d’une dizaine de responsables de l’opposition pour crimes de guerre.
Les organisations des droits de l’homme jugent que ces procès ne remplissent pas les standards internationaux et manquent d’observateurs extérieurs.
Climat de tension
Cette décision intervient dans un contexte tendu au Bangladesh où les islamistes persécutent les minorités. La sécurité a été renforcée à Dacca, capitale déjà sous haute tension après les récents meurtres de militants laïcs, d’intellectuels et de membres de minorités religieuses qui pourraient avoir été perpétrés par des islamistes.
En 2013, un chef islamiste du Jamaat fut pendu, aggravant ainsi la crise politique dans le pays. Cette condamnation, ainsi que celles d’autres dirigeants du Jamaat, avait déclenché des violences meurtrières, environ 500 personnes ayant été tuées dans des affrontements entre la police et les islamistes.
En novembre 2015, l’islamiste Ali Ahsan Mohammad Mujahid et Salahuddin Quader Chowdhury, ancien député du principal parti d’opposition, le parti nationaliste du Bangladesh, avaient également été exécutés pour des crimes de guerre commis durant la guerre d’indépendance en 1971.
Le premier était le numéro deux du parti islamiste Jamaat-e-Islami tandis que le deuxième était un proche conseiller de Khaleda Zia, chef du parti nationaliste du Bangladesh.
La guerre de 1971 avait débouché sur la naissance du Bangladesh, qui était depuis 1947 une province du Pakistan appelée Bengale oriental, puis Pakistan oriental.