Centrafrique : un gouvernement pour reconstruire le pays
Centrafrique : un gouvernement pour reconstruire le pays
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Le président Touadéra, élu en février, s’entoure d’anciens ministres de François Bozizé et ouvre la porte à d’anciens adversaires.
Faustin-Archange Touadéra, ancien premier ministre de François Bozizé, a remporté le 14 février 2016 la présidentielle centrafricaine dans un pays miné par les violences intercommunautaires. | ISSOUF SANOGO / AFP
Le nouveau président de Centrafrique Faustin-Archange Touadéra a désigné son gouvernement lundi 11 avril. A côté du premier ministre, Simplice Sarandji, compagnon de longue date et ex-directeur de campagne, nommé le 2 avril, figureront plusieurs anciens adversaires politiques.
L’annonce a été faite dans un communiqué lu à la radio d’Etat centrafricaine. Trois anciens candidats à la présidence de la République qui avaient apporté leur soutien à Faustin-Archange Touadéra entre les deux tours ont obtenu des ministères régaliens : Joseph Yakété à la défense, Jean-Serge Bokassa, fils de l’ancien empereur Jean-Bedel Bokassa, à l’intérieur, et Charles-Armel Doubané aux affaires étrangères.
Le portefeuille des finances a été confié à Henri-Marie Dondra, jusqu’alors à la tête du Fonds africain de garantie et de coopération économique (Fagace), une institution financière panafricaine basée au Bénin et spécialisée dans la promotion des investissements publics et privés. Celui des mines et de l’énergie à Léopold Mboli Fatrane, qui avait déjà occupé ce poste de 2011 à 2013 sous la présidence de François Bozizé.
En tout, six ministres de François Bozizé, renversé en 2013 par l’alliance rebelle Séléka, retrouvent un poste. Aucune personnalité issue des rangs des milices majoritairement chrétiennes anti-balaka ou des ex-rebelles à dominante musulmane de la Séléka, qui ont mis le pays à feu et à sang entre 2013 et 2015, ne participe à ce gouvernement.
Faustin-Archange Touadéra, qui fut le dernier premier ministre de François Bozizé, a été élu au second le 14 février lors d’une élection censée tourner la page de ce conflit ethnique et religieux qui a fait des milliers de morts.
Trois ans de violence
Trois ans de violences ont ravagé l’économie de la Centrafrique et ont profondément déstabilisé le pays, un des plus pauvres au monde. L’intervention de la force française Sangaris fin 2013 et le déploiement de 12 000 casques bleus de la Minusca ont fait retomber les violences, sans pour autant résoudre la somme de problèmes socio-économiques et sécuritaires.
Dans cette marche vers la normalisation, la Centrafrique a notamment réintégré la semaine dernière l’Union africaine (UA) - dont elle avait été suspendue en mars 2013 après le renversement du président Bozizé par la Séléka – qui s’est félicitée de la « tenue réussie » de la présidentielle de février.
Lors de son investiture le 30 mars, le nouveau président s’est fixé comme priorités de désarmer les milices, réformer l’armée et développer le secteur agricole. Mathieu Simplice Sarandji qui sera chargé de mener à bien ces priorités est, comme M. Touadéra, un universitaire plutôt discret : diplômé d’un doctorat en géographie de l’université de Bordeaux III, il enseigne depuis des années à l’université de Bangui. Toutefois, lorsque M. Touadéra fut nommé premier ministre de François Bozizé, en 2008, Mathieu Simplice Saradji fut aussitôt appelé à ses côtés. Il sera son directeur de cabinet durant cinq ans, le temps de sa primature.