Un Syrien réfugié avec sa famille dans le village de Jumilhac Le Grand, en Dordogne, en septembre 2015. | THIBAUD MORITZ / AFP

Ils sont parfois surnommés « les Merkel », « les Renzi » ou « les Tsipras », selon le pays depuis lequel ils ont été acheminés. En dehors des dispositifs mis en place par le gouvernement, il y a aussi tous ceux qui ont gagné le territoire français par leurs propres moyens, légaux ou illégaux. Depuis 2011, ce sont plus de 10 000 Syriens qui ont obtenu le statut de réfugié ou bénéficié de la protection subsidiaire en France, selon l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra).

Un chiffre qui peut sembler dérisoire au regard de l’ampleur de la crise migratoire et de la place qu’occupe la question des migrants dans le débat public. Près de 5 millions de Syriens ont fui leur pays, la Turquie en accueille près de 2,7 millions, le Liban plus de 1 million. Plus de 1 million de demandes d’asile ont été enregistrées en Allemagne l’an dernier.

Pierre Henry, le directeur général de France Terre d’asile, qualifie l’accueil en France de « parcimonieux » :

« Une fois que les Syriens sont en France, ils sont traités de façon plutôt correcte. Mais le problème est celui de leur accès au territoire. Nous devons privilégier les voies de migrations légales par la réinstallation de migrants à partir de la Grèce, de l’Italie et d’autres pays. Il faut qu’ils soient acheminés rapidement et de façon sécurisée. Et si la France n’attire pas les réfugiés aujourd’hui, c’est simplement parce qu’elle ne propose pas de les accueillir. »

Combien de Syriens ont été accueillis ces cinq dernières années et dans quel cadre ? Tour d’horizon des principaux dispositifs.

  • Les demandes d’asile

5 122

C’est le nombre de Syriens qui ont déposé une demande d’asile en France en 2015, selon les premières données de l’Ofpra. Un chiffre en hausse de 64,2 % par rapport à 2014. L’an dernier, 97 % des demandeurs d’asile syriens se sont vu octroyer une protection.

Au niveau des Etats membres de l’Union européenne (UE), le nombre de Syriens sollicitant une protection internationale a doublé en 2015, pour atteindre 362 800 personnes, selon Eurostat. Près de la moitié de leurs demandes ont été enregistrées en Allemagne et environ 51 000 en Suède.

  • La réinstallation

512

Depuis 2014, 651 Syriens ont été acceptés dans le cadre d’un programme de réinstallation. Début mars, 512 d’entre eux étaient effectivement arrivés sur le territoire, selon la direction générale des étrangers en France (DGEF) du ministère de l’intérieur.

Ces Syriens vulnérables ont été « sélectionnés » par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations unies au Liban, en Jordanie et en Egypte. Ils reçoivent un titre de séjour dès leur arrivée en France, leur accès au logement et aux prestations sociales est facilité et un préfet est spécifiquement en charge de leur accueil.

En 2014 puis en 2015, la France avait pris l’engagement de réinstaller au moins 500 réfugiés syriens. Pour 2016, le pays a promis d’en accueillir 1 500. Le HCR a appelé à la réinstallation de 100 000 réfugiés syriens en 2015 et 2016.

  • La relocalisation

En septembre 2015, la Commission européenne a décidé de répartir parmi ses Etats membres, depuis la Grèce et l’Italie, 160 000 réfugiés sur une période de deux ans. Ce mécanisme, dit de relocalisation, est pour l’instant quasi inopérant.

156

C’est le nombre de réfugiés syriens arrivés en France cette année dans le cadre de ce dispositif de relocalisation, selon la DGEF. Quelques dizaines de réfugiés d’autres nationalités, notamment des Erythréens et des Irakiens, ont aussi été accueillis. La France s’est engagée à accueillir 30 700 personnes sur deux ans.

Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a expliqué dans Libération, le 7 mars, que si quelques centaines de personnes seulement sont arrivées, c’est à cause du fonctionnement « encore très imparfait » des dispositifs d’accueil et de répartition des réfugiés dans les hot spots (centres d’accueil et d’enregistrement) en Grèce et en Italie.

De fait, avec quelques centaines de réfugiés « relocalisés » sur son territoire, la France fait figure de championne européenne. Début mars, seuls 642 demandeurs d’asile avaient été transférés vers des Etats participant au mécanisme.

  • Les « Merkel »

521

Début septembre 2015, à la demande de la chancelière allemande Angela Merkel, Paris s’est engagé à prendre en charge un millier de personnes en « besoin manifeste de protection » – Syriens, Irakiens ou Erythréens – en provenance d’Allemagne. Un peu plus de 500 personnes, dont des Syriens, ont été effectivement accueillies.

  • Les visas d’asile

1 800

L’an dernier, 10 320 visas ont été accordés à des Syriens. La majorité de ces visas sont des visas de court et long séjour, attribués pour des motifs professionnels, familiaux ou étudiants. 1 800 sont des visas d’asile, octroyés dans le but de permettre aux futurs réfugiés de venir déposer une demande d’asile en France.