L’avenir appartient aux diplômés du numérique
L’avenir appartient aux diplômés du numérique
Par Séverin Graveleau
Face à « la pénurie de compétences dans le numérique à l’horizon 2020 », le nombre de diplômés de bac + 5 du secteur devra nécessairement augmenter selon un rapport d’inspection publié le 21 avril.
Le rapport d'inspection propose de créer un bac « sciences du numérique ». | KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Les étudiants intéressés par les métiers du numérique vont-ils voir les portes des formations spécialisées du supérieur s’ouvrir (encore) un peu plus dans les prochaines années ? Car près de 900 000 emplois seront vacants dans le secteur du numérique à l’horizon 2020 selon les projections de l’Union européenne… Et l’enseignement supérieur français va devoir évoluer pour y répondre, entre autres en « augmentant le flux de diplômés (…) dans le domaine du numérique ». C’est l’une des principales conclusions d’un rapport d’inspection des ministères de l’éducation nationale, du travail et de l’économie publié le 21 avril.
10 % des emplois concernés
Ce dernier reprend les données de l’étude européenne E-skills (2013) selon laquelle la révolution numérique devrait engendrer une « pénurie de compétence » dans ce domaine « pour environ 10 % des emplois », dans tous les secteurs ou presque.
Sont concernés les métiers traditionnels « au cœur du numérique » comme l’informatique, les télécommunications ou encore l’électronique, pour lesquels l’évolution technologique permanente « oblige les personnels à constamment faire évoluer leurs compétences ». Mais aussi les « métiers nouveaux ou profondément transformés par le numérique » comme le marketing digital, le « community management » ou le référencement Web.
Et enfin, « les métiers où le numérique est un support à l’activité », soit presque tous les métiers dans la mesure où « il n’est pas de métier qui ne soit pas, peu ou prou, impacté par l’introduction des outils numériques ».
Augmenter le nombre de diplômés à Bac +5
Selon les auteurs du rapport, l’enseignement supérieur « ne pourra pas répondre dans un cadre inchangé » à « ces besoins massifs » s’ils venaient à se confirmer. La mission plaide donc pour « le développement des formations et des flux à bac + 5 dans les mentions informatiques, mathématiques et informatique, mathématiques et informatique appliquées aux sciences sociales, information et communication ». Les niveaux « master » et « ingénieur », ainsi que les « postes d’encadrement » sont recommandés car ils sont « un gage d’adaptabilité face à la [rapidité] des changements organisationnels et technologiques » impliqués par la révolution numérique.
De même, des « parcours dédiés au numérique dans un plus grand nombre d’autres mentions » sont à envisager, tout comme le « développement des mentions à double compétence ». Le rapport envisage, par ailleurs, de « doubler la part de mentions explicitement dédiées au numérique en licence, licence professionnelle et master dans les deux ans », ainsi que d’encourager au développement de « diplômes d’établissements » sur des métiers émergents (big data, cybersécurité, etc.) ou en tension (développement Web par exemple).
Vers un bac « sciences du numérique » ?
Créer et accentuer l’offre de formation supérieure au numérique ne suffit pas, encore faut-il que la demande estudiantine en la matière soit au rendez-vous. Et pour ce faire, la mission d’inspection propose de « renforcer, voire de construire dès le second degré des compétences en sciences du numérique » sur deux axes.
Le premier est la « création d’un baccalauréat “sciences du numérique” », proposition déjà faite et défendue par le Conseil national du numérique (CNNum) dans son rapport de 2014 « Jules Ferry 3.0 ». Cette nouvelle série du baccalauréat « pourrait croiser informatique, télécommunications et humanités numériques » et être fondée sur une pédagogie active « et orientée projet », sur le modèle de ce qui se fait déjà aujourd’hui pour les séries technologiques.
Le second axe reposerait sur la « création d’un enseignement “numérique” » obligatoire, « dès la classe de seconde », portant sur les sciences du numérique (informatique, télécommunication et humanités numériques) et leurs usages économiques et sociaux. Il pourrait être dispensé par des enseignants formés au numérique, notamment dans le cadre d’un nouveau certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (Capes) en « sciences numériques ».
Et, quitte à vouloir « encourager l’appétence [des jeunes] pour les sciences du numérique », autant s’y prendre encore plus tôt. « Au collège » avance les inspecteurs, notamment dans le cadre des nouveaux enseignements pratiques interdisciplinaires devant entrée en vigueur en septembre 2016.