My Atlegrim, 30 ans, #EnMémoireBruxelles
My Atlegrim, 30 ans, #EnMémoireBruxelles
Par Olivier Truc (Stockholm, correspondance)
Dessinatrice suédoise vivant à Bruxelles, elle a été tuée dans l’attentat à la station de métro Maelbeek. « Le Monde » et « La Libre Belgique » s’associent pour publier les portraits des victimes.
My Atlegrim.#EnMémoireBruxelles | D.R.
My Atlegrim aurait dû fêter ses 31 ans aujourd’hui, mercredi 27 avril. Fauchée par l’attentat dans la station de métro Maelbeek, le 22 mars, elle laisse derrière elle beaucoup de souvenirs de joie, d’amour, et des illustrations pleines de couleurs, de vie, de fantaisie, que l’on peut toujours découvrir sur son compte Tumblr.
Sur Facebook, pour ses amis belges, My la Suédoise s’était transformée en Johanna. « Les Belges avaient du mal à bien prononcer My », raconte sa mère, Marika Atlegrim, analyste en biomédecine, qui habite toujours Umeå, dans le nord de la Suède, où My est née. « Elle était très ouverte et pleine d’amour, déterminée mais l’œil toujours pétillant, et chaque fois que je lui rendais visite à Bruxelles, elle était la même. » Elles se rendaient ensemble à Ostende. Lors de sa dernière visite à sa fille, Marika l’avait suivie à Malines, entre Bruxelles et Anvers, dont My avait réalisé une carte touristique pour les jeunes. La jeune femme ne mangeait pas de viande, mais elle adorait les fruits de mer et le poisson. « Elle avait du mal à en trouver à Bruxelles, alors quand elle venait à Umeå, on en profitait pour avaler des plats de crevettes et de crustacés », se souvient Marika.
« Retrouver la route de la joie »
Dès l’enfance, My s’est passionnée pour le dessin et la peinture. Les vacances, avec son petit frère, Jesper, se passaient le plus souvent sur l’île de Gotland, en mer Baltique, ou à Majorque, une fois aussi en Bulgarie. A l’automne 2004, après ses études secondaires, la jeune fille part comme volontaire au sud de Bruxelles. Pendant un an, elle s’occupe de jeunes qu’elle fait participer à des activités artistiques, guitare et théâtre. Elle décide d’étudier le dessin à Saint-Luc, où elle commence à l’automne 2006, enchaîne avec une autre école et termine ses études au printemps 2010. « Elle aimait parler des livres et des écrivains, dit sa mère. Quand elle était plus jeune, elle lisait beaucoup de fantasy. »
My envisageait de revenir en Suède pour travailler comme professeur de dessin pour enfants, consciente de la difficulté de gagner sa vie comme dessinatrice, mais bien décidée à mener de front les deux carrières.
Depuis l’automne dernier, elle vivait avec son compagnon français, Louis Vanardois, dessinateur comme elle. « La rencontre de My a été un point charnière dans ma vie, dit-il. Elle m’a fait comprendre que j’avais laissé mon bonheur s’échapper de mes doigts. Elle m’a accompagné un bout de chemin assez court ; mais tellement beau, tellement chargé de bienveillance, qu’elle m’a donné les clés les plus utiles pour que je retrouve la route en direction de ma vraie joie interne. Son amour m’a bouleversé, il est maintenant un guide dans ma vie. »