« Oui ça va mieux » : les déclarations de Hollande sur l’économie française vérifiées
« Oui ça va mieux » : les déclarations de Hollande sur l’économie française vérifiées
Lors de son intervention télévisée, le chef de l’Etat s’est félicité d’indicateurs positifs en matière de croissance, de déficit, d’impôts et de pouvoir d’achat.
« Oui, ça va mieux : il y a plus de croissance, moins de déficit, moins d’impôts, plus de compétitivité, plus de marges pour les entreprises, plus de pouvoir d’achat pour les salariés », a déclaré François Hollande, jeudi 14 avril au soir, sur le plateau de l’émission « Dialogues citoyens ». Le président de la République peut-il se réjouir ainsi de l’amélioration de la situation du pays ?
« Moins d’impôt »
Oui, mais…
Le taux général des prélèvements obligatoires (qui regroupent les différents impôts, taxes et cotisations) a légèrement diminué depuis 2014, passant de 44,9 % à 44,5 % du produit intérieur brut (PIB) en 2015 (ainsi qu’en 2016 selon les dernières prévisions).
Cette diminution ne concerne toutefois pas tous les types d’impôts. Ce sont les entreprises qui ont principalement bénéficié d’une diminution de leur fiscalité. L’impôt sur le revenu a, lui, connu une hausse entre 2012 et 2013 puis s’est stabilisé sous la présidence de François Hollande.
Si le chef de l’Etat a annoncé de nouvelles baisses d’impôts pour 2016, celles-ci devraient avoir pour effet de concentrer l’effort fiscal sur les tranches pour les contribuables situés dans les tranches moyennes et supérieures de l’impôt.
« Il y a plus de croissance »
C’est vrai
Oui, la croissance est repartie à la hausse ces derniers trimestres. Mais cette reprise est encore timide, avec un total de 1,1 % en 2015, malgré un deuxième trimestre à la croissance atone. La conjoncture est toutefois plutôt à la confiance, l’Insee envisageant un taux de croissance de 1,6 % en 2016, contre 1,5 % pour le gouvernement. La croissance est notamment dopée par la reprise de la consommation, liée à la baisse du cours du pétrole et le maintien des salaires.
« Moins de déficit »
C’est vrai
A la faveur des politiques d’austérité mises en place par le gouvernement, le déficit se résorbe à un rythme soutenu. Quasiment divisé par deux depuis 2010, celui-ci pourrait atteindre en 2017 la barre symbolique – et réglementaire pour les pays de la zone euro – des 3 % du produit intérieur brut (PIB). En 2015, il s’élevait à 3,5 % du PIB, s’approchant laborieusement de cet objectif.
« Plus de compétitivité et plus de marges pour les entreprises »
C’est vrai
Lourdement pénalisées par la crise économique, les entreprises voient en effet progressivement leur taux de marge remonter au fil des trimestres. Il a notamment fortement augmenté dans les secteurs exportateurs (industrie), selon une étude publiée mardi par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Une hausse qui s’accompagne d’une augmentation des investissements, même si celle-ci demeure timide, à l’image de la confiance des investisseurs.
Par ailleurs, le coût du travail en France a augmenté moins vite que dans d’autres pays, depuis 2012, signe d’une compétitivité des entreprises qui s’améliore lentement sous l’impulsion du crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), entré en vigueur en 2013. Les effets de ce dernier ne seront véritablement évalués qu’avec la publication d’un rapport du comité de suivi de la mesure, prévue dans l’année.
« Plus de pouvoir d’achat pour les salariés »
C’est vrai
Une légère augmentation des salaires sur les derniers mois a provoqué une hausse du revenu disponible brut des ménages.
Est-ce le signe d’un pays qui va « mieux » ? Pas forcément. Cela dépendra des choix des ménages : jusque-là, ils ont préféré épargner, ce qui pouvait handicaper le reste de la croissance. Mais la consolidation de cette trésorerie depuis un an pourrait conduire à un rebond de la consommation en 2016, estime l’OFCE.
Le chômage, lui, persiste
Le président de la République a toutefois omis de mentionner dans son énumération les indicateurs montrant que la France n’est pas encore sortie de l’ornière. En témoigne le taux de chômage qui, malgré l’amélioration d’autres secteurs, se maintient au-dessus des 10 % de la population active.