Primaire : les rivaux de Sarkozy dénoncent un « coup de force »
Primaire : les rivaux de Sarkozy dénoncent un « coup de force »
Par Alexandre Lemarié
Le président du parti Les Républicains a fait approuver une modification des règles du scrutin en interdisant le vote électronique qui était permis pour les Français de l’étranger.
Nicolas Sarkozy, à Paris, le 3 mai. | THOMAS SAMSON / AFP
L’initiative irrite les rivaux de Nicolas Sarkozy pour la primaire à droite pour la présidentielle. Mardi 3 mai, le président du parti Les Républicains (LR) a fait approuver une modification des règles du jeu du scrutin des 20 et 27 novembre, lors du bureau politique de son parti. Celle-ci concerne les Français de l’étranger, qui sont près de deux millions, dont 1,2 million inscrit sur les listes consulaires.
Alors que la charte de la primaire prévoyait que ces derniers puissent voter par Internet, M. Sarkozy a exigé qu’ils soient contraints de se prononcer par un vote papier, comme ceux de métropole. « Je ne vois pas pourquoi un habitant de la Somme doit être obligé de faire 40 kilomètres pour aller voter, alors qu’un Français de l’étranger pourrait le faire par un vote électronique », a-t-il argumenté, y voyant une rupture d’égalité entre les différents électeurs.
« Déni de démocratie »
La méthode employée a braqué les rivaux de M. Sarkozy car ce dernier a mis au vote sa proposition approuvée par 43 participants sur 47 – en l’absence d’Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire. Le changement de règles est intervenu à la surprise générale car ce point précis faisait l’objet d’un consensus entre les différents candidats depuis plusieurs mois. Et le sujet n’avait pas été prévu à l’ordre du jour du bureau politique.
Favorables au vote par Internet, les camps Juppé, Fillon et Le Maire dénoncent « un coup de force » du président de LR. « Ne pas permettre aux expatriés de voter par Internet équivaut à les exclure de la primaire car un vote papier est techniquement et juridiquement impossible pour eux », s’agace Thierry Mariani, député des Français de l’étranger et soutien de M. Fillon, alors que Frédéric Lefebvre, également député des Français de l’étranger et candidat à la primaire, dénonce un « déni de démocratie ». « On avait fixé des règles, elles doivent s’appliquer, tonne Gilles Boyer, directeur de campagne du maire de Bordeaux. On ne peut pas accepter que d’un trait de plume, deux millions de Français soient privés de vote. »
Pour eux, la manœuvre revient à empêcher ces électeurs de se prononcer, invoquant « un problème d’éloignement » dans certains pays comme l’Australie, où les votants devront faire des centaines de kilomètres pour se rendre à un poste consulaire. Et selon eux, dans d’autres pays, il est interdit d’installer des bureaux de vote en dehors des postes diplomatiques français. MM. Juppé et Le Maire vont saisir la Haute Autorité chargée d’organiser la primaire.