A partir du lundi 11 avril, tous les couples qui attendent leur premier enfant, soit environ un million de personnes chaque année, recevront un petit livret d’une quinzaine de pages. Les auteurs de ce « livret des parents » sont la Caisse nationale d’allocations familiales, les ministères des familles et de la santé, et la Sécurité sociale. Rien d’institutionnel pourtant, dans ce document au contenu innovant. Pour la première fois, les pouvoirs publics cessent de se cantonner aux prestations sociales ou au suivi médical de la grossesse quand ils s’adressent aux futurs parents. Ils délivrent conseils et ressources.

Au premier rang desquels une mise en garde concernant les châtiments corporels. « Frapper un enfant (fessée, gifles, tapes, gestes brutaux) n’a aucune vertu éducative, explique le document. Les punitions corporelles et les phrases qui humilient n’apprennent pas à l’enfant à ne plus recommencer, mais génèrent un stress et peuvent avoir des conséquences sur son développement. » Le tout « sans culpabiliser les parents qui, à un moment, n’ont pas imaginé d’autres solutions ».

Il s’agit de la concrétisation d’une promesse faite par la ministre des familles Laurence Rossignol après la condamnation symbolique de la France par le Conseil de l’Europe en mars 2015 pour son absence d’interdiction des châtiments corporels. Elle avait, à l’époque, exclu de légiférer sur ce sujet très polémique, et prôné une sensibilisation des futurs parents. Le livret donne quelques repères sur la petite enfance (les pleurs sont les seuls moyens d’expression du bébé, se fâcher contre lui ne sert à rien ; les colères des 18-24 mois sont liées à l’affirmation de soi, etc.) et des conseils pratiques (en cas d’épuisement, confier temporairement son enfant à une personne de confiance…).

La demande des jeunes parents est forte

Le document se réfère à la Convention internationale des droits de l’enfant, qui établit leurs droits : être respecté dans son intégrité, sa pudeur et son intimité, être éduqué notamment par le jeu avec ses parents, être protégé… Il cite également le code civil, selon lequel « les parents associent l’enfant aux décisions qui le concernent, selon son âge et son degré de maturité ».

L’ensemble, qui se veut accessible, est court. Ceux qui souhaitent aller plus loin sont renvoyés à des sites Internet sélectionnés, au numéro 0-800-00-34-56 (Allô parents bébé), ou à des associations. Le document, téléchargeable sur Familles-enfance-droitsdesfemmes.gouv.fr, s’adresse à tous.

La demande des jeunes parents est forte, car les « recettes » héritées de leurs propres parents ne sont plus transposables directement, et la saturation d’informations sur le sujet peut dérouter. « Sur Internet, on trouve tout et son contraire, explique-t-on dans l’entourage de Laurence Rossignol. Nous voulions fournir une information et des références validées. » L’Union nationale des associations familiales (UNAF) et l’Ecole des parents et des éducateurs (réseau de soutien à la parentalité) ont été associées à cette démarche. Une étude réalisée sur l’ancien livret de paternité, devenu obsolète, avait montré que le document était largement consulté par ses destinataires.