Reporters sans frontières dénonce le recul de la liberté de la presse partout dans le monde
Reporters sans frontières dénonce le recul de la liberté de la presse partout dans le monde
Le Monde.fr avec AFP
Dans son classement annuel, l’organisation souligne que la situation s’est particulièrement dégradée sur le continent américain en 2015.
Reporters sans frontières a publié son classement annuel de la liberté de la presse en 2015. | Reporters sans frontières
Une dégradation de la liberté de la presse dans toutes les régions du monde en 2015, et particulièrement sur le continent américain. Tel est le constat dressé par le classement annuel de Reporters sans frontières, publié mercredi 20 avril. « Tous les indicateurs du classement témoignent d’une dégradation. De nombreuses autorités publiques essaient de reprendre le contrôle de leurs pays, craignant de trop grandes ouvertures du débat public », a commenté Christophe Deloire, secrétaire général de RSF.
« Il est malheureusement notable que de très nombreux dirigeants dans le monde développent une forme de paranoïa contre l’exercice légitime du journalisme. Le climat général de peur entraîne une haine croissante du débat et du pluralisme, un verrouillage des médias par des gouvernements en pleine dérive autoritaire et liberticide, l’emprise grandissante d’intérêts particuliers sur l’information dans le secteur privé. »
Recul sur le continent américain
Si la situation s’est dégradée dans toutes les zones géographiques, elle a particulièrement reculé sur le continent américain, notamment en raison d’assassinats de journaliste en Amérique centrale. Ce continent passe ainsi derrière l’Afrique, même si la zone Afrique du Nord–Moyen-Orient reste la région du monde où les journalistes sont « les plus soumis à des contraintes de toutes sortes ».
En Amérique latine, « la violence institutionnelle, celle du crime organisé, l’impunité, la corruption et la concentration des médias constituent les principaux obstacles à la liberté de la presse », souligne RSF.
En Amérique du Nord, les Etats-Unis (41e) pâtissent de la cybersurveillance, et le Canada, qui perd 10 places (18e), a vu sa situation se dégrader « pendant la fin du mandat de l’ancien premier ministre Stephen Harper ».
Dans certains pays en crise, comme l’Irak (158e), la Libye (164e) et le Yémen (170e), « exercer le journalisme relève de la bravoure », souligne encore l’ONG. En bas du classement, comme l’an dernier, la Syrie stagne à la 177e place sur 180, derrière la Chine (176e) et devant le Turkménistan (178e), la Corée du Nord (179e) et l’Erythrée (180e).
La Finlande toujours en première place
En Afrique, le Burundi perd 11 places (156e), ce pays ayant été « le théâtre de violences envers les journalistes après la candidature contestée puis la réélection du président Pierre Nkurunziza ».
L’ONG salue en revanche l’amélioration de la situation en Tunisie (96e), qui gagne 30 places, preuve, selon Christophe Deloire, qu’« il y a une consolidation des effets positifs de la révolution ».
Du côté des bons élèves, la Finlande conserve sa première place pour la sixième année d’affilée, suivie des Pays-Bas et de la Norvège. Si l’Europe demeure la zone où les médias sont le plus libres, RSF constate un affaiblissement de son modèle :
« Détournement du contre-espionnage et de la lutte contre le terrorisme, adoption de lois permettant une surveillance à grande échelle, augmentation des conflits d’intérêts, mainmise de plus en plus grande des autorités sur les médias publics et parfois privés, le continent ne s’illustre pas par une trajectoire positive. »
En France — le pays perd 7 places et pointe au 45e rang —, RSF déplore qu’« une poignée d’hommes d’affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias finissent par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale ».