L’Urssaf poursuit Uber pour requalifier ses chauffeurs en salariés
L’Urssaf poursuit Uber pour requalifier ses chauffeurs en salariés
En engageant deux procédures contre la société de véhicules de transport avec chauffeur, l’administration attaque le socle de son modèle économique.
L’Urssaf poursuit Uber pour faire reconnaître à ses chauffeurs le statut de salarié. | CHARLES PLATIAU/REUTERS
L’Union de recouvrement des cotisations de la Sécurité sociale et d’allocations familiales (Urssaf) d’Ile-de-France a engagé, à la rentrée 2015, deux procédures à l’encontre d’Uber, visant à faire reconnaître à ses chauffeurs, aujourd’hui considérés comme des indépendants, le statut de salariés, a appris le 13 mai l’AFP auprès de l’Acoss, la caisse nationale du réseau des Urssaf.
Faisant valoir qu’il existe un « lien de subordination » entre la société de véhicules de transport avec chauffeur (VTC) et ses chauffeurs, l’Urssaf francilienne a requalifié leur situation d’indépendants en salariés. De ce fait elle réclame à Uber les « cotisations correspondantes », a expliqué Jean-Marie Guerra, directeur de la réglementation, du recouvrement et du service à l’Acoss.
Mais « l’entreprise n’ayant pas accepté de payer, l’affaire est désormais entre les mains du tribunal des affaires de sécurité sociale », a-t-il poursuivi, précisant que le « redressement » était « de l’ordre de quelques millions d’euros ».
La deuxième poursuite se joue au pénal, auprès du procureur de la République de Paris. L’Urssaf lui a transmis un procès-verbal de travail dissimulé, « fondé sur le principe du détournement de statut ». Le parquet a désormais la possibilité d’ouvrir une enquête préliminaire.
Uber conteste le bien-fondé des procédures
En poursuivant ainsi Uber, l’administration attaque le socle de son modèle économique : Uber met en avant la flexibilité de ses chauffeurs, qui n’ont pas de contraintes pour leurs horaires, et le coût modéré de leurs courses.
Mais pour l’Acoss, « une série d’éléments montrent que le salarié travaille bien dans le cadre d’un service organisé par Uber pour le compte de l’ensemble des chauffeurs » : « C’est Uber qui recrute, qui forme ; la commission est plafonnée ; ils prennent un pourcentage dessus ; la course n’est pas libre ; les chauffeurs doivent rendre des comptes », avance notamment Jean-Marie Guerra.
Les deux procédures ne devraient pas aboutir avant « cinq ou six ans » selon l’Acoss, qui s’attend à ce qu’Uber aille jusqu’en cassation.
De son côté, « Uber conteste fermement la régularité et le bien-fondé des procédures, mais laisse aux juridictions saisies le soin de se prononcer », a déclaré un porte-parole du groupe à l’AFP.
En 2014, aux Etats-Unis, des chauffeurs d’Uber avaient lancé une action de groupe pour être reconnus comme des salariés. L’entreprise américaine avait conclu un accord à l’amiable entérinant le versement de près de 100 millions de dollars à quelque 385 000 chauffeurs et anciens chauffeurs.