600 000 signatures contre les néonicotinoïdes, nocifs pour les abeilles
600 000 signatures contre les néonicotinoïdes, nocifs pour les abeilles
Le Monde.fr avec AFP
La ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a déclaré qu’elle mettrait « tout son poids dans la bataille » pour que soit votée l’interdiction de ces pesticides.
Le déclin des abeilles expliqué en trois minutes
Durée : 03:50
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Donald Walther / Le Monde.fr
Plusieurs associations doivent remettre à la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, jeudi 16 juin, une pétition ayant recueilli entre 600 000 et 700 000 signatures demandant l’interdiction des néonicotinoïdes, ces pesticides aggravant la mortalité des abeilles.
Les organisations espèrent que l’interdiction des néonicotinoïdes sera inscrite dans la loi sur la biodiversité, qui doit passer en deuxième lecture à l’Assemblée nationale dans quelques jours.
Ségolène Royal a déclaré jeudi, au micro d’Europe 1, qu’elle « mettr[ait] tout son poids dans la bataille » pour que soit votée cette interdiction :
« C’est indispensable de mettre fin à l’usage de ce type de produits chimiques, d’insecticides, qui tuent les abeilles, c’est-à-dire portent atteinte à la biodiversité mais aussi finalement à l’agriculture, puisque les abeilles sont les pollinisateurs (…) Les néonicotinoïdes touchent le cerveau des abeilles, et donc elles ont aussi un impact sur la santé humaine. Il est temps de comprendre que c’est en fixant des règles fermes que les chercheurs et les industriels investiront dans d’autres produits de substitution qui ne portent pas atteinte à la santé humaine. »
La suppression d’ici à deux ans de ces substances n’a toutefois pas reçu le soutien du ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll.
Explosion de l’usage des néonicotinoïdes en France
« Une bataille féroce se déroule en ce moment même pour interdire les néonicotinoïdes, ces pesticides neurotoxiques qui déciment chaque année 300 000 colonies d’abeilles en France », souligne la pétition, portée par l’Union nationale des apiculteurs français (UNAF), plusieurs associations environnementales (Fondation Hulot, Générations futures, Greenpeace, Agir pour l’environnement notamment) et les organisations Avaaz et SomeOfUs.
Les néonicotinoïdes, également nocifs pour les pollinisateurs sauvages (bourdons, papillons), font l’objet d’un moratoire partiel en Europe depuis la fin de 2013 : trois molécules (l’imidaclopride, la clothianidine et le thiaméthoxame) sont interdites sur la plupart des cultures (tournesol, maïs, colza), sauf les céréales à paille l’hiver et les betteraves.
Mais malgré ce moratoire l’usage de ces pesticides a augmenté en France, selon des statistiques du ministère de l’agriculture obtenues le 26 mai par l’UNAF. Les données révèlent que les tonnages des cinq principaux « tueurs d’abeilles » vendus en France (acétamipride, clothianidine, thiaméthoxame, imidaclopride, thiaclopride) sont passés de 387 tonnes, en 2013, à 508 tonnes, en 2014, ce qui correspond à une augmentation de 31 %.
Mercredi, en commission, les députés ont voté l’interdiction des néonicotinoïdes à l’horizon 2018, comme ils l’avaient fait en première lecture. Le vote en séance publique aura lieu la semaine prochaine. Le Sénat avait, lui, supprimé cette date butoir au profit d’une diminution progressive, sans date limite pour une interdiction.
Ces dernières années, la production de miel s’est effondrée en France, du fait d’une mortalité annuelle accrue des abeilles. D’environ 30 000 tonnes il y a vingt ans, la production est passée à 15 000 tonnes en 2015.