En RDC, de l’électricité chinoise pour des mines sino-congolaises
En RDC, de l’électricité chinoise pour des mines sino-congolaises
Le Monde.fr avec AFP
Un consortium chinois va construire un barrage hydroélectrique de 240 MW au Katanga pour fournir l’électricité nécessaire à la production du cuivre.
Les autorités congolaises ont signé lundi 6 juin à Kinshasa un accord confiant à un consortium chinois la construction d’une centrale hydroélectrique de 240 mégawatts (MW), destinée à combler une partie du déficit énergétique freinant la production minière en République démocratique du Congo.
Le barrage de Busanga, en aval de deux autres centrales existantes sur le cours supérieur du fleuve Congo au Katanga (sud-est de la RDC), doit être réalisé dans « les cinq prochaines années » a déclaré à l’AFP Moïse Ekanga, directeur du Bureau de coordination de la coopération sino-congolaise.
Le coût de la construction n’a pas été révélé. L’électricité produite doit être affectée prioritairement à la Sicomines (Société sino-congolaise des mines), qui a sorti sa première cathode (feuille de cuivre raffiné) en novembre.
Contrat gigantesque
Cette coentreprise est le fruit d’un gigantesque contrat signé par Pékin et Kinshasa en 2007. Aux termes de cet accord, la Chine s’est engagée à construire des infrastructures (routes, hôpitaux, écoles...) en échange de concessions minières en RDC et de prêts à l’Etat congolais.
L’accord a dû être renégocié pour offrir des termes plus avantageux au Congo en 2008. Il avait été dénoncé comme léonin par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale.
Assise sur des réserves évaluées à 10 millions de tonnes en cuivre, la Sicomines a pour objectif de produire 400 000 tonnes par an. Selon M. Ekanga, la Sicomines importe actuellement l’essentiel de ses besoins en électricité de la Zambie.
Cinquième producteur mondial de cuivre grâce à ses gisements du Katanga, la RDC est durement frappée par la chute des cours des matières premières provoquée par le ralentissement de l’économie chinoise.
Le patronat congolais déplore depuis des mois un déficit chronique d’énergie au Katanga entravant l’essor du secteur minier, à l’origine de la forte croissance économique qu’a connue le pays de 2012 à 2016 avec une progression de plus de 7% du PIB par an en moyenne.
Dans un communiqué publié lundi, la Chambre des mines congolaises (patronat) se réjouit de l’annonce récente d’un projet de développement de l’énergie solaire en Zambie devant apporter 100 MW supplémentaires à la région.
Elle demeure cependant « extrêmement préoccupée » par la desserte en électricité en RDC et déplore que la compagnie publique congolaise « n’ait pas été en mesure de lancer des projets similaires au Katanga ».