Nikola Kalinic après le premier but croate face à l’Espagne, le 21 juin à Bordeaux. | Sergio Perez / REUTERS

Coup de tonnerre à l’Euro ! La Croatie a créé la sensation en renversant l’Espagne, battue (2-1) mardi 21 juin à Bordeaux. La surprise est en fait relative tant l’équipe au damier affiche des qualités qui devraient lui permettre d’aller loin dans cette compétition. Sa victoire est d’autant plus impressionnante qu’elle était menée au score. Et elle est historique puisque c’est une première en six confrontations. La seule opposition en compétition entre les deux nations remontait au précédent Euro, à Gdansk, Pologne, en 2012. Le futur vainqueur s’était imposé sur la plus faible des marges (1-0). Quatre ans plus tard, la Croatie a pris sa revanche.

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Avant de se rencontrer à Bordeaux, les deux sélections avaient déjà validé la qualification pour les huitièmes de finale. Le match présentait pourtant un intérêt à plusieurs titres. La suprématie dans le groupe D, une affaire d’honneur pour les supporteurs des deux camps qui se charriaient gentiment dans les rues et le tramway de Bordeaux. Pour le spectateur, le plaisir de voir deux des plus séduisantes équipes du premier tour, et le spectacle n’a pas déçu. Enfin, et c’était le plus important, la deuxième place du groupe avait valeur de cadeau empoisonné puisque son futur titulaire connaissait avant le coup d’envoi le nom du prochain adversaire : l’Italie. Avec la perspective d’une élimination dès les huitièmes de finale. Un match pour préparer l’avenir.

Les aficionados n’en avaient pas forcément conscience, à peine plus nombreux dans l’enceinte que les fans croates en dépit de la proximité géographique. Contrairement au sélectionneur Vicente Del Bosque qui a tenu à aligner son équipe-type au coup d’envoi, plutôt que de mettre au repos les titulaires. Son homologue Ante Cacic est privé de cette possibilité puisque deux joueurs indispensables, le lutin Luka Modric et l’attaquant Mario Mandzukic, blessés, ont dû ménager leurs forces pour la suite. Les remplacent respectivement Marko Rog et Nikola Kalinic. Le technicien croate a en outre procédé à deux changements sur le flanc gauche de sa défense et au milieu, avec la titularisation de Marko Pjaca. Le demi-attaquant du Dinamo Zagreb n’a pas raté cette opportunité pour se mettre en valeur.

Réplique foudroyante

Les Espagnols trouvent pour la première fois sur leur route une équipe prête à leur répondre par la technique et la circulation du ballon. La première occasion est d’ailleurs croate sur un mauvais renvoi de Sergio Ramos, mais le capitaine Darijo Srna rate complètement sa reprise. La réplique espagnole est instantanée et foudroyante : décalage côté droit de David Silva pour Cesc Fabregas, qui trompe le gardien monégasque Danijel Subasic. Alvaro Morata n’a plus qu’à pousser le ballon dans le but (7e). Nolito a aussitôt la possibilité de faire le break.

La Croatie réagit par une frappe cadrée de Kalinic, avant de croire à l’égalisation grâce à la complicité de David de Gea, auteur d’une inquiétante boulette. Le gardien de Manchester United se fait chiper le ballon dans les pieds par Kalinic qui remet à Ivan Rakitic. Le lob du Barcelonais heurte la barre avant de rebondir sur la ligne. Il y a du relâchement dans l’arrière-garde espagnole…

Après un tir de David Silva repoussé par Subasic (23e), la maîtrise espagnole s’impose peu à peu. Une séquence de toque fait perdre leurs nerfs aux Croates, qui commencent à commettre des fautes. Morata se voit offrir une possibilité de doublé à l’approche de la première demi-heure, puis le match baisse d’intensité. Pas pour longtemps. Après une tête trop redressée de Perisic sur un centre de Srna, les Croates ont l’excellente idée d’égaliser et de relancer le suspense juste avant la pause. But superbe en l’occurence, après un numéro de Perisic côté gauche qui parvient à centrer entre deux défenseurs. Il trouve Kalinic qui bat de Gea d’une aile de pigeon. La tribune croate reprend des couleurs et fait exploser un pétard.

Heureux Nordistes

Le gardien de but croate Danijel Subasic célèbre l’arrêt du pénalty espagnol. | Andrew Medichini / AP

A la reprise, pas de temps mort. Morata bénéficie encore d’une opportunité, s’agace et se frictionne avec Perisic. Mais ce sont les Croates qui sont proches de prendre l’avantage à l’approche de l’heure de jeu sur un centre de Srna fort mal négocié par de Gea. La reprise de Jevdaj est contrée puis Pjaca recueille des applaudissements pour un ciseau acrobatique qui passe à côté.

Derrière, les Espagnols se font secouer. Le même Pjaca réclame un pénalty mais ce sont les Ibériques qui l’obtiennent pour une poussette de Sime Vrsaljko sur David Silva. Srna crie à l’injustice et récolte un carton jaune. C’est Subasic qui se transforme en justicier en détournant la frappe de Sergio Ramos (72e).

Revigorés, les Croates ne cessent de croire ne leur bonne étoile et ils ont raison. Stupeur dans les rangs espagnols quand sur contre, incontrôlable Perisic, est mis sur orbite par Kalinic. Le demi offensif de l’Inter Milan cavale et crucifie De Gea d’un tir croisé à la 87e. La tribune croate, cette fois, est en feu. Ses nerfs seront mis à épreuve jusque dans les dernières secondes avec un sauvetage miraculeux près de la ligne de but croate.

Chercher l’erreur. L’Espagne, qui pensait passer une soirée plus confortable, retrouvera donc l’Italie dès les huitièmes de finale le 27 juin au Stade de France de Saint-Denis, alors que la France attend toujours de savoir quel meilleur troisième elle affrontera. La Croatie également, qui se déplacera à Lens deux jours plus tôt. Heureux Nordistes.