Face à l’Ukraine, l’Allemagne sauve les meubles grâce à Neuer
Face à l’Ukraine, l’Allemagne sauve les meubles grâce à Neuer
Par Yann Bouchez
Les champions du monde en titre, victorieux des Ukrainiens (2-0) mais fébriles défensivement, ont pu compter sur leur gardien, impérial.
Les Allemands célèbrent le but de Mustafi, dimanche 12 juin. | Michael Probst / AP
Sur le papier, l’Allemagne, championne du monde et trois sacres continentaux au compteur, partait favorite dimanche soir face à l’Ukraine, qui disputait son premier Euro loin de ses terres. Sur le terrain, même si la Mannschaft avec sa victoire sur des Ukrainiens méritants (2-0), est la première équipe à l’emporter par deux buts d’écart depuis le début du tournoi, la différence de niveau ne fut pas flagrante, loin de là. Les Allemands, fébriles défensivement comme à leur habitude ces derniers mois, durent s’en remettre à un Manuel Neuer impérial. Et leurs supporteurs pouvaient faire résonner le stade de Villeneuve d’Ascq de leurs chants satisfaits.
Dans l’après-midi, environ 3 000 Allemands avaient bravé le crachin du Nord pour parcourir à pied la poignée de kilomètres qui séparent le centre-ville de Lille du stade Pierre Mauroy, à Villeneuve d’Ascq. Une « fan walk » qui s’est déroulée sans souci, et à laquelle ont même participé quelques supporteurs ukrainiens.
D’une manière générale, dans ce qu’il faut désormais appeler les Hauts-de-France, les fans de football livrent un spectacle plutôt réjouissant depuis deux jours. Ce fut le cas à Lens, samedi, entre Albanais et Suisses, avec une ambiance « chaude » dans le sens positif du terme, sans débordements. A Lille, dimanche matin, avant les averses de l’après-midi, les amoureux de la Mannschaft et de la Sbirna se sont baladés dans les rues du Vieux-Lille, certains s’arrêtant sur la place du Concert pour boire en terrasse et observer le fameux marché local. D’autres, venus en camping-car, avaient opté pour le parc de la citadelle et observaient avec curiosité les joggeurs du week-end.
Mais en fin d’après-midi, quelques heurts ont éclaté près de la Grand Place de Lille, centre névralgique de la cité nordiste. Quelques dizaines de hooligans allemands ont fait voler des sièges sur les terrasses, qu’ils ont saccagées, et s’en sont pris à des supporteurs ukrainiens. Très loin de l’ambiance festive observée au stade Pierre-Mauroy, où les hymnes nationaux furent entonnés avec ferveur, et un avantage sonore pour les Allemands, nettement plus nombreux en tribunes.
Paradoxe de la défense
Les fans de la Mannschaft faillirent pourtant voir leur enthousiasme douché dès les premiers instants de cette rencontre plaisante à suivre. A la 4e minute, il fallait une jolie détente de Manuel Neuer pour détourner en corner une frappe de Yevhen Konoplyanka qui semblait se diriger en lucarne. Alors que les caméras l’avaient montré blaguant avec son attaquant Thomas Müller, dans les couloirs de l’enceinte, juste avant la rencontre, le gardien du Bayern Munich était visiblement dans un très bon jour - ce qui est plutôt une habitude chez lui. C’est d’ailleurs encore Neuer qui permit de garder les cages inviolées en claquant comme au volley une tête puissante de Khacheridi (26e). Il fallait bien cela pour colmater les brèches d’une défense allemande particulièrement généreuse avec son adversaire du soir. La défense centrale Boateng-Mustafi ne se montrait pas du tout rassurante en première mi-temps, même si elle arrivait à éviter le pire, comme sur cette balle dégagée sur la ligne par Jérôme Boateng, en un réflexe acrobatique (36e).
Paradoxe ultime, ce fut pourtant l’un des deux défenseurs centraux allemands, Shkodran Mustafi, qui donna l’avantage aux champions du monde, dès la 19e minute, d’une tête au ras du poteau, qui trompa Pyatov. Ce même Mustafi qui ne devait sa présence sur la pelouse qu’aux absences d’Antonio Rüdiger, victime d’une rupture des ligaments croisés, et Mats Hummels, encore convalescent. Si l’ouverture du score venait concrétiser une domination un peu stérile des Allemands, le score à la mi-temps aurait pu être riche de trois ou quatre buts supplémentaires. Car outre les occasions des Ukrainiens, l’Allemagne aurait pu aggraver la marque, notamment sur une frappe de Khedira, parti à la limite du hors-jeu (30e).
En deuxième mi-temps, Manuel Neuer, même s’il fut moins sollicité, continua de sortir des arrêts de grande classe, à l’image de ce coup franc de Yoslav Rakitskiy qu’il détourna en s’allongeant rapidement à terre (57e). Dans les dernières minutes de jeu, sil failli toutefois se faire tromper par une tête de… son défenseur Mustafi. Pyatov, le gardien ukrainien, s’employait lui aussi à quelques reprises, mais il pouvait compter sur la relative transparence de Mario Götze à la pointe de l’attaque allemande. Entré à douze minutes de la fin, André Schürrle se créait quasiment autant d’occasions que Götze durant toute la rencontre. Dans les ultimes secondes, Bastian Schweinsteigger venait alourdir la mise en réceptionnant un centre de Mesut Özil.
Avec cette victoire, le sélectionneur Joachim Löw réussit encore une fois son entrée dans l’Euro - après des succès initiaux lors des éditions de 2008 et 2012. Le match contre la Pologne, jeudi 16 juin, apparaît déjà comme une finale de ce groupe C. Mais Löw le sait, ce n’est qu’une première marche pour une sélection habituée au dernier carré : son équipe a atteint la finale en 2008 et les demi-finales quatre ans plus tard. « Chez nous, la pression ou comment la gérer n’est vraiment pas un problème, avait-il déclaré avant le début du tournoi. Au Brésil, on a joué la demi-finale contre le pays organisateur, on a joué une finale de Coupe du monde, donc on est familiarisé avec ce genre de situations. » Dimanche soir, la défense n’en a pas fait la preuve éclatante. Contrairement à Manuel Neuer.