New York s’attaque aux « robots » qui achètent des billets de spectacle en ligne pour spéculer
New York s’attaque aux « robots » qui achètent des billets de spectacle en ligne pour spéculer
Par Alexis Orsini
L’Etat de New York vient d’adopter un projet de loi qui expose les utilisateurs de « ticket-bots » à des sanctions pénales. Objectif : lutter contre l’inflation des billets de spectacle vendus en ligne.
Les places achetées massivement par les robots sont ensuite revendues au prix fort sur des plateformes d’échange de billets. | Paul Sakuma / AP
Si les places pour les comédies musicales de Broadway ont toujours été difficiles à obtenir, cette quête se révèle aujourd’hui fréquemment impossible à cause des « ticket-bots », ces robots automatisés qui achètent massivement des places de spectacle dès leur mise en vente en ligne pour permettre à des courtiers de les revendre au prix fort sur des plateformes d’échange légales. Jusqu’ici, cette pratique – illégale – exposait seulement les contrevenants à des amendes. Mais l’Etat de New York vient d’adopter un projet de loi pour la transformer en délit, passible d’un an de prison maximum, tout en conservant des sanctions financières (jusqu’à 1 000 dollars, ou le double des profits réalisés illégalement).
Les « ticket bots », qui concernent une multitude de manifestations (concerts, matchs, comédies musicales...), sont dans le viseur des autorités new-yorkaises depuis plusieurs années. Fin janvier, Eric T. Schneiderman, procureur général de New York, a dévoilé les résultats de son enquête de trois ans sur cette pratique. Intitulé « Pourquoi les New-Yorkais ne peuvent-ils pas acheter de billets ? », le rapport démontre l’ampleur du phénomène, qui oblige les consommateurs à payer les meilleures places au prix fort sur des plateformes de revente ou à faire une croix sur l’événement de leur choix.
Des milliers de billets pour U2 achetés par un seul client en moins d’une minute
L’enquête révèle ainsi que, pour certains concerts particulièrement demandés, la moitié des places mises en vente échappe littéralement au public. Le procureur général cite aussi des exemples édifiants, comme celui d’un courtier qui a réussi à acheter plus de 1 000 billets pour un concert de U2 au Madison Square Garden en moins d’une minute alors que la plate-forme limite normalement chaque acheteur à quatre places.
Début juin, Lin-Manuel Miranda, le créateur de la comédie musicale à succès Hamilton, s’est fendu d’une tribune dans le New York Times pour dénoncer l’inflation provoquée par les « ticket bots », « parfois jusqu’à plus de 1 000 % », et appeler à pénaliser cette pratique.
En 2012, un revendeur coutumier de la pratique dénonçait déjà la dérive du système sur Billboard :
« On parle d’un usage de bots automatiques qui attaquent la plateforme de ventes avec des milliers de requêtes pour des billets. [...] Aujourd’hui, les mecs qui revendent les places sur Stubhub et d’autres sites parviennent à verrouiller tout le répertoire de billets sur leur écran pour faire leur choix avant de lâcher toutes les places restantes ».
Le courtier anonyme annonçait aussi de manière prophétique : « Un de ces quatre, les courtiers vont se mettre les procureurs à dos et ils vont leur tomber dessus au pénal. »