Paris veut mobiliser sur la protection des civils à l’ONU
Paris veut mobiliser sur la protection des civils à l’ONU
Par Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondante)
A l’occasion de la présidence française du Conseil de sécurité pour le mois de juin, le ministre des affaires étrangères Jean Marc Ayrault s’est rendu au siège des Nations unies.
Le ministre des affaires étrangères français Jean-Marc Ayrault au siège des Nations unies vendredi 10 juin à New York. | KENA BETANCUR / AFP
Comme les journalistes, l’ONU a aussi ses « marronniers », en l’occurrence la « protection des civils », qui revient quasiment tous les mois à l’agenda du Conseil de sécurité pour des résultats très mesurés sur le terrain. A l’occasion de la présidence française du Conseil pour le mois de juin, le ministre des affaires étrangères Jean-Marc Ayrault avait fait le déplacement, vendredi 10 juin, au siège de l’ONU, une première depuis sa prise de fonctions, et tenu, lui aussi, à appeler à une plus grande mobilisation pour la protection des civils dans le cadre des opérations de maintien de la paix (OMP).
Dans un contexte très critique pour les OMP en Afrique, que ce soit au Mali, au Soudan du Sud, au Darfour ou encore en République démocratique du Congo, où les civils restent les premières victimes des conflits, Jean-Marc Ayrault a assuré que les interventions de l’ONU se trouvaient à un tournant. « Nous sommes à une étape où il faut améliorer la qualité des opérations de maintien de la paix. Cela veut dire des hommes, mieux formés, peut-être plus nombreux et du matériel. Et puis des missions très claires, très précises, très exigeantes aussi, pour que les populations sur place, quand elles voient des casques bleus arriver, soient heureuses de voir qu’on est venu les aider, les protéger, et qu’il n’y ait pas de dérives qui parfois peuvent être dramatiques », a plaidé le ministre.
« Faire mieux, pas plus »
En filigrane, les affaires d’abus sexuels, notamment en Centrafrique, dans lesquelles ont été mis en cause des casques bleus et des soldats français engagés dans le cadre de la force Sangaris et pour lesquelles Paris a promis une nouvelle fois la « tolérance zéro». La France, troisième contributeur financier aux opérations de maintien de la paix, et qui compte environ 900 hommes déployés comme casques bleus, ne prévoit pas pour autant de renforcer son engagement : « Nous ne cherchons pas à faire plus pour les opérations de maintien de la paix mais à faire mieux. »
A cet égard, le ministre a annoncé que Paris accueillerait une réunion ministérielle au mois d’octobre pour discuter des opérations de maintien de la paix dans les pays francophones, et que la France formerait 20 000 soldats africains par an. Il a affirmé que Paris s’engageait pour les « principes de Kigali », une initiative qui donne la priorité à la protection des civils, y compris par la force, et à laquelle adhère déjà une trentaine de pays.
M. Ayrault a aussi défendu une action précoce du Conseil de sécurité quand il existe un risque d’atrocités de masse, et la suspension du droit de veto en cas de crime de masse, deux sujets sur lesquels Paris tente inlassablement de mobiliser ses partenaires. Mais ce débat aura surtout permis à la France de se poser comme un des acteurs-clé des OMP, alors que les rumeurs se font de plus en plus pressantes sur le fait qu’elle pourrait perdre la direction du département des opérations de maintien de la paix de l’ONU en décembre; lors de l’arrivée du prochain secrétaire général.