Peines de prison pour deux militaires qui ont menacé civils et policiers avec leurs armes
Peines de prison pour deux militaires qui ont menacé civils et policiers avec leurs armes
Par Nathalie Grynszpan (Chambéry, correspondante)
Paul Hainault a été condamné à six mois de prison ferme, et Fiteli Pagatele à un an avec sursis, pour avoir brandi leur armes de service, alors qu’ils étaient en repos, à Chambéry.
Les deux militaires du deuxième régiment d’infanterie de marine de Champagne (Sarthe), en poste en Savoie dans le cadre de l’opération « Sentinelle », ont été reconnus coupables, lundi 13 juin, par le tribunal correctionnel de Chambéry, d’avoir menacé des civils et des policiers avec leurs armes de service le 1er mai à Chambéry, alors qu’ils étaient en repos.
Paul Hainault, 21 ans, écope de trois ans d’emprisonnement dont trente mois avec sursis, soit six mois ferme, une mise à l’épreuve de deux ans et une obligation de suivi psychologique. Le sergent Fiteli Pagatele, 29 ans, est condamné à un an de prison avec sursis et cinq ans de mise à l’épreuve. Les deux hommes sont également interdits de port d’arme soumise à autorisation : un an pour Paul Hainault et six mois pour le sergent Pagatele.
Mises en joue
Dimanche 1er mai, l’appel qui arrive par radio à 6 h 40 du matin au commissariat de police de Chambéry signale trois hommes en civil « armés de kalachnikovs » dans le centre-ville. « On se dit qu’on part sur du terrorisme », se souvient la brigadier-chef Gwenaëlle Conq.
Quand les policiers arrivent sur place, le trio a disparu, mais la photo prise par un témoin indique qu’il s’agit en réalité de militaires. La brigade se présente au portail du Sirpa, la délégation militaire départementale, à quelques centaines de mètres de là, où les militaires sont casernés.
Paul Hainault surgit sur le perron de la bâtisse où se tient le sergent, à 50 mètres derrière les grilles. Il insulte les deux femmes brigadiers et les met en joue avec son fusil d’assaut, un Famas chargé. Aussitôt, Sophie Caron le vise avec son arme de service et appuie sur la queue de détente. « Je suis nièce de général, témoigne la fonctionnaire, encore très émue. Le kaki pour moi, c’est important. Il me demande de faire quelque chose d’ultime et c’est très dur pour moi. » L’action du sergent de se placer devant le soldat évite le drame.
« J’ai déshonoré ma famille, mon régiment »
Ce devait être la dernière nuit de la mission « Sentinelle » en Savoie pour les deux hommes, en poste depuis le 24 mars. Ils rentraient tous deux d’une opération éprouvante au Mali de quatre mois et demi. Et ce soir-là, ils ont accumulé les fautes. Alors qu’ils étaient sortis boire un verre, M. Hainault se retrouve mêlé à une bagarre. Alcoolisé et blessé, il décide d’aller chercher son arme de service. Mais il ne retrouve pas ses agresseurs.
Le sergent a lui aussi pris son arme pour, dit-il, le protéger. Leur allure ne manque pas d’effrayer les rares passants. « J’ai tout faux, reconnaît Fiteli Pagatele à la barre, j’aurais dû appeler ma hiérarchie et la police. »
L’expertise psychologique, demandée par la défense de M. Hainault, indique qu’il ne cherche pas à minimiser sa responsabilité, mais qu’à l’évidence, il présente un syndrome post-traumatique qui n’a pas été traité. « Je tiens vraiment à m’excuser, conclut le jeune militaire, j’ai déshonoré ma famille, mon régiment. » Son avocat, Me Cataldi a indiqué qu’il ne ferait pas appel.