Mieux vaut multiplier les retraits partiels plutôt que de la totalité de l’assurance-vie. | DENIS CHARLET / AFP

Contrairement à une idée reçue, l’argent investi dans une assurance-vie n’est pas bloqué. Le délai de huit ans, qui vient souvent à l’esprit des épargnants, n’est qu’une durée indicative pour bénéficier pleinement de l’avantage fiscal offert par ce placement. Dans les faits, rien n’empêche de retirer partiellement, voire totalement, son épargne avant ce délai.

Pour tout retrait, les gains sont soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu ou, au choix de l’épargnant, à un prélèvement forfaitaire libératoire de 35 % si le contrat a moins de quatre ans, 15 % s’il a entre quatre et huit ans et 7,5 % s’il a plus de huit ans. A cela s’ajoutent bien sûr les prélèvements sociaux, actuellement de 15,5 %.

Pour faire le bon choix, « il suffit de connaître sa tranche marginale d’imposition en prenant en compte le rachat envisagé », explique Antoine Dadvisard, président du directoire de Matignon Finances. Le gain retiré de l’assurance-vie viendra en effet s’ajouter aux revenus de l’année et pourrait faire basculer le contribuable dans une tranche d’imposition supérieure.

Pour les contrats d’assurance-vie de plus de huit ans, l’imposition ne porte que sur les sommes supérieures à 4 600 euros pour une personne seule et le double pour un couple. Cet abattement prévaut chaque année.

L’avance, un prêt qui ne dit pas son nom

Mieux vaut donc multiplier les retraits partiels plutôt que de la totalité de l’assurance-vie afin de profiter pleinement de ce dispositif. Ainsi, un retrait en novembre 2016 puis un autre dès le mois de janvier 2017, bénéficieraient à chaque fois de l’abattement. En revanche, les prélèvements sociaux restent dus et portent sur la totalité des sommes encaissés.

Bon à savoir, en cas de perte d’emploi du titulaire ou de son conjoint, les gains de l’assurance-vie deviennent non imposables, mais uniquement pendant l’année qui suit l’événement.

Toutefois, avant d’envisager un retrait, pensez à l’avance. Pour financer un achat important (voiture, réparation d’une toiture, etc.), la compagnie où vous détenez votre assurance-vie peut accorder une avance à un taux très compétitif par rapport aux banques. Ce taux est basé généralement sur la rémunération du fonds euro, augmenté de 1 %. Ainsi, si votre assurance-vie a servi un taux de 2,8 % l’an dernier, elle peut vous prêter à 3,8 %.

L’opération est intéressante car le capital demeure investi et continue de fructifier. Si les taux de rémunération atteignent 2,3 % en 2016 (après prélèvements sociaux), le coût réel du prêt ne sera finalement que de 1,5 % (3,8 % – 2,3 %). C’est mieux qu’un prêt à la consommation (ni l’âge, ni le taux d’endettement, ni le niveau des revenus ne sont vérifiés, seul compte la valeur de l’assurance-vie).

Revers de la médaille, cette avance doit être remboursée et le délai légal est de trois ans, renouvelable une fois. Néanmoins, en cas de difficultés financières, « la compagnie peut prélever sur le contrat d’assurance pour se rembourser », précise M. Dadvisard.