Revenus des 18-24 ans : l’origine sociale déterminante
Revenus des 18-24 ans : l’origine sociale déterminante
Par Clémentine Billé
Si les parents sont l’une des principales sources financières des jeunes, la profession de ceux-là influe directement sur la fréquence et le montant des aides, révèle une étude parue lundi.
Etudes, nouvel emploi, chômage : dur de s’en sortir quand on est jeune. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) ont cherché à savoir quelles sont les ressources des 18-24 ans, dans une étude sortie lundi 20 juin. Il s’avère que l’origine sociale détermine pour beaucoup ces appuis financiers.
Les parents sont l’une des principales aides. C’est ce que révèlent les réponses des 6 300 parents et 5 800 jeunes à l’enquête réalisée du 1er au 31 décembre 2014 en France (sauf Mayotte). Sept d’entre eux sur dix reçoivent un soutien de leur père ou leur mère. Mais quand on se penche sur le métier du chef de famille, les inégalités apparaissent tout de suite, tant au niveau du nombre d’enfants aidés que du montant versé.
Près de neuf jeunes adultes sur dix, dont le père est cadre ou exerce une profession libérale, ont un soutien financier – contre six enfants d’ouvriers sur dix. Et ils perçoivent des montants 2,5 fois supérieurs que ces mêmes enfants d’ouvriers. Quand les uns ont en moyenne 400 euros par mois, les autres se voient avec 160 euros en poche.
Les jeunes actifs aussi
Même quand on a un emploi, les parents sont là. Les jeunes actifs gagnent en moyenne 1 250 euros par mois, soit un peu plus que le smic, qui s’élève à 1 144 euros nets. Et c’est sans compter ceux qui sont sans emploi. Ils sont rares à percevoir une allocation-chômage. Les 18-24 ans sont en partie à la recherche d’un emploi et la plupart ne remplissent pas les conditions d’accès à ce type de revenu.
Alors, parmi tous ces jeunes sortis du système éducatif, encore près de sept sur dix seront aidés par leurs parents quand le père est cadre, et moins de la moitié quand il est ouvrier. La somme passe de 190 euros par mois pour les uns, les plus aisés, à 100 euros pour les autres.
Mais le plus gros investissement, c’est quand l’enfant fait des études. L’aide prodiguée va alors de 220 à 450 euros. Et comme les parents ne peuvent pas tout assumer, les jeunes cherchent souvent un emploi à côté de leur cours. Un quart des 18-24 ans au lycée ou dans l’enseignement supérieur travaillent.
4 sur 10 perçoivent des revenus sociaux
La différence se perçoit ici au niveau du type d’emploi visé. Les deux tiers des enfants d’ouvriers ou d’employés choisissent une alternance ou un stage, contre un peu plus d’un tiers des enfants de cadres, de professions libérales ou intermédiaires. Le choix de la formation est décidé en partie en fonction de son milieu d’origine : un emploi rapporte en moyenne 620 euros par mois : 410 euros pour une activité qui n’a aucun lien avec son cursus et 860 euros pour les alternants.
Pour les moins aisés, il reste encore les revenus sociaux. Quatre sur dix en touchent. Bourse d’étude ou plus rarement minima sociaux, prestations familiales ou allocations-chômage. Et la plus fréquente : les aides au logement… à condition que l’enfant ait quitté le nid familial.