Un hacker fait fuiter les données sur Donald Trump dérobées aux démocrates
Un hacker fait fuiter les données sur Donald Trump dérobées aux démocrates
Par Alexis Orsini
Un dénommé « Guccifer 2.0 » affirme être à l’origine du piratage des serveurs du comité national démocrate et du vol des données concernant Donald Trump. Il vient de les faire fuiter sur plusieurs sites.
Donald Trump assure que les informations fuitées sont « connues depuis des années » et pour la plupart erronées. | Branden Camp / AFP
Après le vol, la fuite. Une partie des données concernant Donald Trump dérobées au comité national démocrate (CND) par des hackers russes ont été diffusées mercredi 15 juin sur Gawker et The Smoking Gun, deux sites qui ont reçu ces documents par email d’un certain « Guccifer 2.0 ».
Aujourd’hui, cet internaute affirme être à l’origine du piratage de l’organe du Parti démocrate, comme il le raconte sur son blog personnel où il publie une partie des données. A l’origine, l’entreprise de cybersécurité CrowdStrike, qui avait révélé ce piratage, l’attribuait à deux groupes de hackers liés au gouvernement russe. Une accusation contredite par « Guccifer 2.0 ».
Des arguments de campagne contre Trump
Parmi les éléments diffusés, on trouve un document de deux cents pages daté du 19 décembre 2015, qui compile toutes les informations connues sur Donald Trump : sa carrière d’homme d’affaires, sa vie privée, ses finances… Autant d’informations assemblées par les démocrates pour cerner la personnalité et cibler les faiblesses de leur adversaire républicain à la présidentielle. Les angles d’attaques sont listés dès la table des matières : « Trump n’est fidèle qu’à lui-même », « Trump est un menteur »…
Comme l’explique Gawker, ces deux cents pages ressemblent à une compilation exhaustive de toutes les informations parues dans la presse à propos du candidat républicain, ainsi qu’un résumé et une liste de ses discours politiques et de ses prises de position. Des aspects de sa vie personnelle ou professionnelle sont aussi étrillés.
« En dépit de ses grands discours sur ses succès de businessman, il a traversé plusieurs échecs financiers dans sa carrière et son parcours pose sérieusement la question de sa capacité à affronter les défis de ce pays. »
Certains documents publiés concernent plus le Parti démocrate que Donald Trump lui-même. Par exemple, Gawker explique y trouver des documents confidentiels contenant certains des points d’attaque utilisés par Hillary Clinton lors de son discours de candidature à la primaire démocrate. Le hacker publie également ce qu’il assure être une liste des donateurs, avec de nombreux noms et les montants qu’ils ont versés au parti politique.
« J’ai d’abord infiltré les boîtes email de plusieurs démocrates »
« Guccifer 2.0 » prétend également avoir dérobé des documents secrets sur le PC utilisé par Hillary Clinton, à l’époque où elle était secrétaire d’Etat, dont il publie, sur son blog, un extrait supposé. Il confirme par ailleurs les soupçons de l’entreprise spécialisée en cybersécurité, CrowdStrike, sur ses méthodes de piratage : « J’ai d’abord infiltré les boîtes email de plusieurs démocrates. Avant d’utiliser les informations trouvées pour pénétrer les serveurs du Comité. »
Le hacker, dont le pseudonyme fait référence à « Guccifer », un pirate roumain incarcéré pour ses attaques informatiques contre des personnalités politiques américaines en 2013, met aussi à mal la communication de crise des démocrates, qui avaient affirmé qu’aucune donnée personnelle n’avait été dérobée pendant le piratage. « Guccifer 2.0 » démontre le contraire dans des tableaux Excel contenant la liste de certains donateurs du Parti démocrate. Des célébrités, comme Morgan Freeman et Steven Spielberg, figurent parmi les contributeurs les plus généreux.
Jeudi 16 juin, CrowdStrike a réaffirmé ses découvertes et accusé à nouveau les deux groupes de hackers russes. « Qu’il s’agisse ou non d’une campagne de désinformation des renseignements russes, nous allons étudier ces documents », a ajouté l’entreprise de cybersécurité.
Trump accuse les démocrates d’être à l’origine du piratage
Donald Trump a, pour sa part, réagi à cette fuite de données en affirmant, dans un communiqué, que le piratage avait été commis directement par le comité national du Parti démocrate plutôt que par des hackers russes :
« Il s’agit d’informations connues depuis des années. La majorité est fausse et/ou complètement erronée. Nous pensons que le [CND] est à l’origine de ce “piratage”, qui lui permet de détourner l’attention des nombreux problèmes qui entourent leur candidate bourrée de défauts, qui est aussi une chef de parti incompétente. »
Les fuites concernant le CND ne font peut-être que commencer. Sur son blog, « Guccifer 2.0 » affirme : « J’ai donné l’essentiel des données, soit des milliers de documents et d’emails, à WikiLeaks. Ils les publieront bientôt. »