Bébés congelés dans l’Ain : treize ans de réclusion pour la mère
Bébés congelés dans l’Ain : treize ans de réclusion pour la mère
Le Monde.fr avec AFP
En première instance, Audrey Chabot avait été condamnée par les assises de l’Ain à vingt-trois ans de réclusion pour avoir noyé ses deux nouveau-nés dans le bac de douche.
Audrey Chabot, lors de son procès en première instance au tribunal de Bourg-en-Bresse, le 27 février. | CHRISTOPHE BUSTI / AFP
Elle réclamait une « juste peine » en appel. Audrey Chabot a été entendue par les assises du Rhône, qui l’ont condamnée vendredi 24 juin à treize ans de réclusion pour avoir tué deux bébés, découverts dans son congélateur en 2013, après un premier infanticide en 2002. La cour a suivi la magistrate en assortissant la condamnation d’un suivi socio-judiciaire de dix ans, et de cinq ans de prison en cas de non-respect du suivi.
La cour s’est montrée plus clémente que l’avocate générale Me Sophie Taupin, qui avait requis vingt ans de réclusion criminelle à l’encontre de la femme de 36 ans, jugée en récidive légale, tout en ouvrant la voie à une peine moins lourde. Moins lourde surtout que les vingt-trois ans de réclusion infligés en 2015 par les assises de l’Ain à Audrey Chabot pour avoir noyé dans le bac de douche ses deux nouveau-nés, l’un en 2011, six jours après sa naissance, et l’autre en 2012.
« Entendus et compris »
Une peine « hors norme », comparée à d’autres condamnations pour infanticide, selon la défense. Mais qui résulte, selon elle, de sa condamnation « injuste », en 2005, à quinze ans de réclusion pour un premier infanticide qu’elle n’avait en fait pas commis. Elle n’avait alors pas fait appel.
« Je m’en remets à vous ! Essayez de trouver la juste peine. Je vais en proposer une, je ne sais pas si c’est la bonne ! », a déclaré à la cour Me Taupin, qui a refusé de « faire des comparaisons » avec d’autres affaires d’infanticide. « Les choses sont un peu faussées, car le curseur [de la première peine, en 2005] était placé trop haut », du fait que la mère de l’accusée avait étranglé le nouveau-né de son propre chef, a-t-elle reconnu.
« Nous sommes très satisfaits, car nous avons le sentiment d’avoir été entendus et compris », s’est félicité Me Jean-François Canis, avocat de l’accusée. Il avait demandé que sa cliente « soit jugée comme les autres » mères infanticides et que sa peine « soit dans la norme ».
« Immature et menteuse »
Dans un réquisitoire empli d’empathie, Me Taupin a souligné le « décalage entre la mère infanticide et la petite fille fragile », entre « l’être et le paraître » de cette fille de militaire, « travailleuse, souriante, serviable », mais aussi « profondément seule et malheureuse », « immature », « menteuse » et « qui subit » son entourage.
« Si ses mensonges n’avaient pas existé, ça aurait pu changer la donne », a spéculé la magistrate, qui déplore que l’accusée a fait croire qu’elle respectait son suivi psychologique après huit ans de détention pour le premier infanticide. « Elle a fait des choix raisonnés dont elle connaît les conséquences », a estimé Me Taupin, pour qui « ses grossesses n’étaient pas une fatalité, et la mort des nourrissons non plus ».
Elle « n’a pas voulu envisager l’adoption ou l’accouchement sous X car elle a un rapport de possession avec ses enfants. Elle veut les garder à côté d’elle », a-t-elle ajouté.