Le sort du Théâtre de la Cité internationale entre les mains d’Audrey Azoulay
Le sort du Théâtre de la Cité internationale entre les mains d’Audrey Azoulay
Par Franck Colombani
L’équipe de l’établissement parisien a menacé de se mettre en grève.
La Coupole, la plus grande salle du Théâtre de la Cité internationale, à Paris en 2013. | MATHILDE DELAHAYE/WIKIPEDIA
Le personnel du Théâtre de la Cité internationale (TCI) est à bout. Mardi 16 février, l’équipe menaçait de se mettre en grève suite à sa lettre adressée vendredi 12 février à la nouvelle ministre de la culture et de la communication, Audrey Azoulay. Courrier resté jusqu’ici sans réponse. Le théâtre implanté au cœur de la « Cité U », dans le 14e arrondissement de Paris, voit aujourd’hui son budget amputé et ses effectifs diminués. Finalement, ses salariés ont décidé mardi, d’un commun accord, de continuer à jouer afin de ne pas pénaliser les jeunes compagnies programmées dans le cadre du Festival JT16 qui se déroule actuellement dans l’enceinte ainsi que dans plusieurs salles à Paris. Mais l’équipe ne compte pas s’arrêter là et une mobilisation ultérieure n’est pas à écarter.
Audrey Azoulay hérite d’un dossier qui traîne depuis dix-huit mois, depuis que l’ancienne directrice du TCI, Pascale Henrot, a quitté ses fonctions sans être remplacée. Son bureau est à ce jour toujours vide. Lors des derniers conseils d’administration, la Cité internationale universitaire de Paris (CiuP), en charge du théâtre, a fait part de son intention de baisser de moitié sa subvention de 880 000 euros. Celle-ci passerait à 650 000 euros en 2017, puis à 400 000 euros à partir de 2018. Un plan de départs volontaires, annoncé il y a trois semaines, concerne cinq CDI, auquel s’ajoute le non renouvellement présumé de trois CDD. Soit au total huit postes touchés sur l’effectif actuel de 25 salariés.
Nouveau projet contesté
Dans sa lettre adressée au ministère, le personnel se dit « très inquiet et furieux » quant à la gestation du futur projet du théâtre et ses conséquences sur l’équipe. Celui-ci devrait profondément changer la mission des lieux en accueillant l’Ecole supérieure d’art dramatique de la ville de Paris (ESAD) et y associer d’autres établissements comme le Conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD), afin d’inscrire davantage le théâtre dans un cadre universitaire. La Délégation générale de la CiuP, qui dépend du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, se dit, pour sa part, « confiante dans la réussite des prochaines étapes de sélection et d’installation d’une nouvelle direction à la tête du théâtre ». Un appel à candidatures a été lancé le 3 février.
L’équipe du TCI ne partage pas cet optimisme. « Fort de notre expérience et de la connaissance de nos métiers et de ce lieu, nous soutenons qu’il est impossible de faire fonctionner cette structure et d’assumer l’ensemble des missions existantes et futures avec huit postes en moins et une baisse budgétaire de 480 000 euros », souligne-t-elle dans sa lettre.
47 spectacles par an
Lieu actif de la scène contemporaine française, le Théâtre de la Cité programme 47 spectacles par an pour 206 représentations. Le bâtiment abrite treize studios de musique et cinq ateliers d’artistes. On y accueille du théâtre, de la danse, de la musique et du cirque contemporain. Inauguré en 1936, il a été rénové en 2004 pour un montant de près de 8 millions d’euros. Le ministère de la culture finance les lieux à hauteur de 1,3 million d’euros, tandis que la ville de Paris et la région Ile-de-France font une dotation de 230 000 euros. Les recettes propres (mécénat compris) sont de 976 000 euros.
Les salariés souhaitent qu’une délégation du personnel du théâtre soit reçue au ministère dans les plus brefs délais, afin d’ouvrir une réflexion constructive : « Cela fait 522 jours que nous faisons vivre ce théâtre, ses artistes et ses spectateurs, sans direction, et sans aucune attention particulière de votre part… Aujourd’hui, on ne joue plus. »