Des affrontements entre jeunes et forces de gendarmerie ont eu le 20 juillet dans la cité Boyenval, à Beaumont-sur-Oise, où habitait Adama Traoré. | MARC CHAUMEIL/DIVERGENCE POUR "LE MONDE"

L’autopsie d’Adama Traoré, dont la mort, mardi, a déclenché des échauffourées dans le Val-d’Oise, montre qu’il souffrait d’une « infection très grave » et n’a pas subi de violences, a annoncé jeudi 21 juillet le parquet. « Il avait une infection très grave », « touchant plusieurs organes », a déclaré le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, ajoutant que le médecin légiste n’avait pas relevé de « traces de violence significatives ».

La cause de la mort d’Adama Traoré, 24 ans, « semble être médicale chez un sujet manifestement en hyperthermie au moment où il a été examiné par les services de secours », a poursuivi le magistrat. L’autopsie montre, selon le procureur, que « manifestement cette personne n’aurait pas subi des violences, comme certains membres de sa famille ont pu le dire ». Des examens complémentaires, notamment bactériologiques et toxicologiques, seront ordonnés pour avoir un « panel d’examens absolument complet ».

Tensions dans le Val-d’Oise

Depuis sa mort, intervenue au moment de son arrestation par les gendarmes, des violences ont éclaté dans les communes voisines de Beaumont-sur-Oise, Persan et Bruyères-sur-Oise. Dans la nuit de mercredi à jeudi, neuf personnes ont été interpellées et placées en garde à vue pour des faits « d’attroupements armés, incendies volontaires et jets d’objets incendiaires sur les forces de l’ordre », selon le directeur de cabinet du préfet du Val-d’Oise, Jean-Simon Mérandat.

Le jour de sa mort, Adama Traoré n’était pas dans le viseur des autorités. Selon la gendarmerie nationale et le parquet de Pontoise, c’est l’un de ses frères que les gendarmes venaient interpeller devant la bibliothèque de Beaumont-sur-Oise, le 19 juillet, dans le cadre d’une enquête préliminaire dans laquelle plusieurs personnes sont soupçonnées d’extorsion de fonds.

D’après le parquet, Adama Traoré se serait interposé. Son frère Bagui rapporte au contraire que « lorsque les gendarmes sont arrivés, Adama est parti en courant parce qu’il n’avait pas ses papiers sur lui. Ils l’ont coursé et l’ont rattrapé. Adama a dit “je me rends.” Ils l’ont boxé. Ils l’ont embarqué ensuite à la gendarmerie ».

Enquête du défenseur des droits

Adama Traoré serait mort au cours de son transfèrement vers la brigade de Persan « à la suite d’un malaise », a indiqué la gendarmerie. Une version là aussi contestée par son frère, qui livre un tout autre déroulé des faits. A la gendarmerie, où il est lui aussi emmené après son interpellation, il aurait retrouvé Adama « au sol, les mains menottées dans le dos ». « Mon frère est entré vivant dans le camion quand ils l’ont arrêté, il en est sorti mort. Mais Adama n’a pas eu de crise cardiaque, ils l’ont tabassé », a-t-il affirmé.

Jusqu’à jeudi matin, la famille d’Adama Traoré avait été empêchée d’accéder au corps.

Le défenseur des droits, Jacques Toubon, a annoncé qu’il allait enquêter sur les circonstances de la mort. « Un seul objectif doit prévaloir, partagé par toutes les personnes impliquées : la recherche de la vérité », indique dans un communiqué M. Toubon, qui « lance un appel solennel au calme ».