Vincent Delerm à l’Hôtel de ville de paris, le 21 juillet 2016. | Ben Callens

Des lustres, des colonnades avec arches, des dorures, d’épais rideaux à broderies, des peintures allégoriques sur l’arrondi du plafond… Le grand salon de l’Hôtel de Ville de Paris a indéniablement de l’allure. Lorsqu’on y entre, après avoir gravi une longue volée de marches, Yannaël Quenel est en train de jouer sur l’un des deux pianos installés sur une estrade. Un spectateur mélomane murmure : « Ah… Mozart ! »

Puis arrive Vincent Delerm. Quenel joue régulièrement avec lui depuis quelques années. Sans que l’on y prenne garde, le concert de Delerm, mercredi 20 juillet, en début de soirée, pour l’ouverture du Festival Fnac Live, avait déjà commencé. La manifestation sous l’emblème de l’enseigne de produits culturels, matériels électroniques et électroménagers est organisée jusqu’au samedi 23 juillet, à la fois dans cet endroit prestigieux et sur le parvis de l’Hôtel de Ville où a été installée une grande scène. A l’intérieur, de l’intime : Philippe Katerine, Keren Ann, Miossec… A l’extérieur, un son plus nourri, avec ce qui fait sensation ces derniers temps en matière de pop, de rock et d’électro.

Son concert aura été, une heure durant, un savoureux retour vers quelques-unes de ses chansons les plus connues

Début octobre devrait paraître un nouvel album de Vincent Delerm, intitulé A présent – publié comme les précédents par le label Tôt ou tard, qui dispose ici d’une soirée pour ses 20 ans, le 21 juillet. Toujours début octobre, trois livres de photographie du chanteur, pianiste et auteur-compositeur sont prévus. Une tournée suivra à l’automne et une création est annoncée en avril 2017 à La Philharmonie de Paris. De ce futur (plus ou moins proche) album, Delerm n’a rien joué, mercredi. En revanche, son concert aura été, une heure durant, un savoureux retour vers quelques-unes de ses chansons les plus connues.

Hors du temps

Il y a celles de ses débuts, de sa révélation par un premier album en 2002 : Deauville sans Trintignant,La Vipère du Gabon, l’amusante moquerie sur un certain théâtre sans mise en scène, sans intonation, sans décor qu’est Le Monologue shakespearien, et, juste avant le rappel, Fanny Ardant et moi.

Les Filles de 1973… est le seul extrait du deuxième album, Kensington Square (2004), où Delerm abusait des titres à noms propres et références de bonne tenue (Patrick Modiano, Frank Black, Anita Pettersen, Deutsche Grammophon, chanson qui par ailleurs contenait quasiment un nom connu par phrase…), au risque de se parodier.

Hors du temps

De ses trois autres albums (Les Piqûres d’araignée, 2006, Quinze chansons, 2008, Les Amants parallèles, 2013), sont tirées notamment Je t’ai même pas dit, Il fait si beau, avec une couleur swing à la Charles Trenet, Un temps pour tout, Déjà toi, Hacienda… Toutes sont familières, par la mélodie, le texte, instantanés du quotidien, tirant vers la tendresse ou la fantaisie. Toutes se tiennent hors du temps, même quand revient le jeu avec les noms, les lieux ou les marques qui pourraient apporter un aspect « daté ».

Au début de la soirée, Delerm expliquera qu’il est là (en plus du 21 juillet) pour remplacer William Sheller, qui a dû annuler sa venue pour raison de santé. « Quelqu’un qui compte beaucoup pour moi », confie-t-il, et dont le disque piano-voix Sheller en solitaire, en 1991, a été de ceux qui ont donné à l’alors jeune Vincent Delerm l’envie de la musique et des mots.

Festival Fnac Live, parvis et salon de l’Hôtel de Ville, Paris 4e. Jusqu’au 23 juillet. Avec Philippe Katerine, Keren Ann, Hyphen Hyphen, Miossec, Alex Beaupain… A partir de 18 heures, scène du parvis, à 18 h 30, scène du salon. Accès libre au parvis ; entrée au salon sur invitations à retirer dans les magasins Fnac en Ile-de-France. www.fnac.com/fnaclive