LVMH cède la marque de prêt-à-porter Donna Karan
LVMH cède la marque de prêt-à-porter Donna Karan
LE MONDE ECONOMIE
Le géant français du luxe préfère vendre à l’américain G-III Apparel cette griffe appréciée des New-Yorkaises mais qui commençait à perdre de l’argent.
Donna Karan, fondatrice de la marque éponyme en 1984, avait quitté la direction à l’été 2015. Ici lors d’un de ses défilés, à New York le 16 février 2015. | Kathy Willens/ AP
Bernard Arnault, le PDG de LVMH, cède très rarement ses marques. Pourtant, le groupe de luxe a annoncé lundi 25 juillet la vente de la griffe américaine Donna Karan et de sa petite sœur DKNY au groupe américain G-III Apparel. Ce dernier détient notamment Andrew Marc, les maillots de bain Vilebrequin ainsi que de nombreuses licences comme Calvin Klein, Tommy Hilfiger, Karl Lagerfeld ou Ivanka Trump – dont on parle beaucoup plus depuis quelques semaines, puisqu’elle est la fille du candidat républicain à l’élection présidentielle américaine. La transaction, qui sera bouclée en fin d’année 2016 ou au début de 2017, valorise Donna Karan International à 650 millions de dollars (592 millions d’euros).
Cette cession intervient un an après le départ de Donna Karan de la maison qu’elle avait fondée en 1984. Cette créatrice de mode, souvent mannequin de ses collections, avait dépoussiéré la garde-robe des femmes d’affaires américaines en leur proposant des vêtements élégants, sobres et faciles à porter. Dans les années 1980, elle avait imposé le noir et remis les robes au goût du jour. Donna Karan s’était imposée dans le petit milieu new-yorkais, tout comme Calvin Klein ou Ralph Lauren, en créant elle aussi sa propre marque globale. Ses clientes, parmi lesquelles Michelle Obama et Hilary Clinton, appréciaient le fait qu’enfin une femme leur dessine leurs robes ou leurs pantalons chics.
Ses relations avec le groupe LVMH s’étaient plutôt dégradées l’an dernier. Alors âgée de 66 ans, la créatrice avait souhaité prendre du champ pour se consacrer à ses centres de bien-être et de produits artisanaux Urban Zen, ainsi qu’à sa fondation.
Somme non négligeable
LVMH, qui avait investi 243 millions de dollars dans cette marque américaine en 2001, avait alors totalement modifié sa stratégie en se focalisant sur DKNY, la ligne de vêtements et d’accessoires la moins chère. Depuis avril 2015, ces collections étaient dessinées par un duo de designers, Maxwell Osborne et Dao-Yi Chow. Le réseau de distribution de G-III Apparel – avec des magasins destinés aux vêtements et accessoires vendus à des prix bien plus accessibles que le luxe – sera plus adapté à DKNY. LVMH souhaite en effet plus que jamais se concentrer sur ses marques les plus haut de gamme.
Alors que le numéro un mondial du luxe peut conserver pendant des années une marque avant qu’elle ne s’impose et ne dégage de substantiels profits – comme Céline, Kenzo ou Givenchy par exemple –, il a préféré jeter le gant pour Donna Karan. D’autant plus que le vendeur a proposé une somme non négligeable pour cette entreprise, dont le déficit, selon certaines sources, avoisinait 30 millions de dollars l’an dernier.
Dans le domaine de la mode, Bernard Arnault avait également cédé par le passé Christian Lacroix, après l’avoir financé pendant dix-sept ans. Le PDG de LVMH n’a formulé qu’un seul regret, avoir vendu trop tôt, en 2003, sa participation de 33 % dans Michael Kors, qui connaît aujourd’hui une fortune exceptionnelle.