L’Etat a choisi les nouveaux exploitants des aéroports de Lyon et de Nice
L’Etat a choisi les nouveaux exploitants des aéroports de Lyon et de Nice
Par Philippe Jacqué
Le consortium mené par l’italien Azzurra l’emporte à Nice, alors que Vinci et ses partenaires géreront Lyon. Ces opérations rapporteront 1,7 milliard d’euros à l’Etat.
Après trois mois de procédure, l’Etat a finalement désigné, jeudi 28 juillet, les futurs actionnaires majoritaires des aéroports de Nice et de Lyon. Sur la Côte d’Azur, l’aéroport sera géré, jusqu’en 2044, par Azzurra, un consortium constitué par Atlantia, un fonds italien investissant dans les infrastructures, l’aéroport de Rome et EDF Invest, une filiale de l’électricien français. Le trio a proposé 1,222 milliard d’euros, soit vingt-deux fois le résultat d’exploitation de la société. Cette offre dépasse celle de son concurrent finaliste, Vinci Airport, associé à Prédica et à la Caisse des dépôts et consignations.
A Lyon, c’est Vinci Airport et ses partenaires qui ont emporté la mise aux enchères. Le groupement va débourser 535 millions d’euros pour opérer l’infrastructure jusqu’en 2047. C’est vingt fois le résultat d’exploitation de la plate-forme. Et c’est plus important que la proposition financière du consortium formé par le spécialiste australien des infrastructures Macquarie et FFP, la holding de la famille Peugeot. Selon nos informations, ce dernier a proposé un prix inférieur d’à peine 1 %.
Selon Bercy, les deux consortiums qui ont remporté les enchères avaient proposé non seulement les offres les mieux disantes financièrement, mais également les offres industrielles les plus intéressantes. Les collectivités locales de PACA ont toutes soutenu ce choix, tandis qu’à Lyon, la métropole de Lyon et une communauté des communes locales ont également approuvé le choix de l’Etat.
Deux milliards alloués au désendettement
La région Rhône-Alpes-Auvergne, le département du Rhône et la chambre de commerce et d’industrie locale s’étaient retirés de la concertation début juillet. Ils estimaient qu’ils auraient dû étudier l’ensemble des six offres fermes proposées, et non seulement les deux sélectionnées par l’Etat : « Nous avons choisi de présenter les projets industriels des deux seules offres qui respectaient tous les critères de l’appel d’offres, indique-t-on à Bercy. De plus, les consortiums Vinci et Macquarie-FFP proposaient des offres 30 % plus importantes que la troisième offre. »
Avec la privatisation de trois aéroports, puisque celui de Toulouse a aussi été privatisé en 2014 pour 308 millions d’euros, le gouvernement a déjà récupéré près de 2 milliards d’euros, qui seront alloués au désendettement et aux investissements nécessaires dans le redressement de la filière nucléaire.
Reste que si le montant offert pour l’aéroport de Nice, le deuxième aéroport français avec ses 12 millions de passagers transportés chaque année, était relativement attendu, celui retenu pour l’aéroport Lyon semble un peu plus décevant. Avec 8,5 millions de passagers, et une réserve foncière importante pour se développer, cet aéroport aurait pu être mieux encore valorisé.
Tout n’est pas terminé. En dehors d’éventuels recours, les deux acquéreurs pressentis vont désormais devoir montrer patte blanche, notamment auprès de l’Autorité de la concurrence qui doit vérifier si ces acquisitions ne mettent pas en péril la compétition entre plates-formes aéroportuaires en France.
Vinci Airports, qui gère déjà l’ensemble des aéroports de la région Rhône-Alpes-Auvergne (Grenoble, Chambéry, Clermont-Ferrand) et qui détient 8 % de Paris Aéroport, sera particulièrement scruté. La signature définitive des contrats de concession est attendue à l’automne.