Jean-Pierre Chevènement pressenti à la tête de la Fondation pour l’islam de France, un choix contesté
Jean-Pierre Chevènement pressenti à la tête de la Fondation pour l’islam de France, un choix contesté
François Hollande a cité mardi soir le nom de l’ancien ministre de l’intérieur, mais cette idée est critiquée à l’intérieur même du gouvernement.
L’ancien ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement est pressenti pour la présidence de la Fondation pour l’islam de France. | PATRICK KOVARIK / AFP
Les discussions autour de la relance de la Fondation pour l’islam de France animent l’été. Et se chargent d’une nouvelle touche polémique avec le souhait formulé par François Hollande de voir l’ancien ministre de l’intérieur Jean-Pierre Chevènement à sa tête.
Après l’attentat de Nice et celui de Saint-Etienne-du-Rouvray, l’exécutif avait fait part de son souhait de faire revivre la Fondation pour l’islam de France, créée en 2005 mais paralysée par des dissensions internes. Cette institution devrait être chargée d’exercer un contrôle notamment sur le financement de la construction des lieux de culte musulmans.
« Pas de Français de confession musulmane à la hauteur ? »
Les critiques ont commencé au sein même du gouvernement, après les déclarations du président de la République mardi 2 août, esquissant l’arrivée de Jean-Pierre Chevènement à la tête de la FOIF. Interrogée sur France Info, mercredi 3 août, la ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol, a esquissé un portrait du dirigeant idéal de cette instance :
« Le bon profil, c’est d’abord quelqu’un de culture musulmane, qui ait une connaissance de la subtilité humaine de l’islam, quelqu’un de laïc, et peut-être le meilleur profil, ce serait une femme également. »
M. Chevènement « ne répond pas au troisième critère que je viens d’évoquer, c’est-à-dire le fait d’être une femme », a continué la ministre.
La sénatrice centriste Nathalie Goulet, auteure d’un rapport sur l’organisation et le financement de l’islam en France, a aussi contesté ce choix. « Il n’y a pas de Français de confession musulmane à la hauteur ? », a t-elle demandé sur Twitter.
Marwan Muhammad, ancien porte-parole du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), s’est lui aussi fendu d’un tweet ironique dans lequel il écrit du gouvernement qu’il « organise l’islam de France avec ses potes ».
Je trouve ça très bien que le gouvernement organise l'islam-de-France avec ses potes. Ca évite aux musulmans d'y apporter la moindre caution
— Marwan_FX (@Marwan Muhammad)
« Une tâche difficile mais d’une importance très grande »
M. Chevènement a réagi mercredi, en soulignant qu’il s’agissait d’une « tâche difficile mais d’une importance très grande du point de vue de l’intérêt national » :
« On ne peut pas refuser d’apporter sa contribution à cette tâche. Il y a quatre millions de musulmans en France, pour la plupart français, il faut qu’ils soient citoyens avec les droits que cela comporte, notamment la liberté de culte, et aussi bien entendu les devoirs. »
L’ancien ministre a ajouté qu’il communiquerait sa position officielle à la rentrée. Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, a de son côté défendu la candidature du fondateur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) lors d’une conférence de presse à l’Elysée, arguant du « besoin d’une personnalité qui puisse être un médiateur fort, ferme sur les grands principes de la laïcité et ouvert à ce que l’ensemble des cultes (vivent) leur exercice au sein de la République ».