Benoît Hamon à Blois, le 21 février. | JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

« Je suis confiant », a déclaré Benoît Hamon, mercredi 22 février, alors que l’accord tarde à se concrétiser avec les écologistes. Invité de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, France Info et l’AFP, le candidat socialiste à l’élection présidentielle a évoqué ce que pourrait être le contenu d’un accord avec Yannick Jadot qu’il souhaite faire aboutir avant la fin de la semaine.

Parmi les mesures en discussion figure le changement de mode de scrutin législatif. Les Verts souhaitent que la proportionnelle remplace le scrutin majoritaire à deux tours afin que les minorités soient mieux représentées à l’Assemblée nationale. Benoît Hamon n’y met aucune réticence. « On peut imaginer une proportionnelle avec prime majoritaire ou l’introduction d’une dose de proportionnelle dans le scrutin majoritaire. Ma préférence va à la première hypothèse », a déclaré le candidat socialiste. Autre précision importante : Benoît Hamon n’exclut pas, s’il est élu président de la République, de mettre en œuvre la réforme au cours du prochain quinquennat, ce qui suppose d’organiser de nouvelles élections législatives en plein mandat.

« Des conférences citoyennes associant les parlementaires, des forces vives de la nation et, le cas échéant, des assemblées de citoyens tirés au sort seront chargées de bâtir une nouvelle constitution. Au terme de ce processus, je souhaite qu’on puisse procéder immédiatement à l’élection d’un nouveau Parlement, élu avec la légitimité obtenue par une constitution validée par référendum », a-t-il fait valoir. Deux conséquences à ce schéma : les députés élus en 2017 ne seraient pas assurés de l’être pour cinq ans. Par ailleurs il n’y aurait plus de concomitance entre l’élection présidentielle et les élections législatives.

« Sortie intégrale du nucléaire », pas « avant 2050 »

L’autre volet important de l’accord porte sur le nucléaire. « Je souhaite raisonner sur des dates raisonnables, a précisé Benoît Hamon. La sortie intégrale du nucléaire ne pourra pas intervenir avant 2050. » Et de préciser :

« Si on ferme un réacteur nucléaire et on diminue les capacités de production électrique, il faut que nous soyons en mesure de la compenser intégralement par les énergies renouvelables pour ne pas nous retrouver en situation de dépendance énergétique. Je souhaite en outre que le prix de l’électricité puisse être maintenu à des niveaux acceptables. Tout cela nous amène à dire qu’en 2025, on pourra avoir réduit la part du nucléaire dans le mixte énergétique à 50 %, et que dans les 25 années qui suivent, nous poursuivrons la fermeture des réacteurs qui arrivent en fin de vie. »

Le candidat socialiste a par ailleurs acté un différend sur le nucléaire militaire :

« C’est une différence que j’ai avec les écologistes. Non seulement je souhaite que nous conservions notre arsenal nucléaire, mais je veux qu’il soit modernisé. La France a signé des traités internationaux en matière de non-prolifération, je le sais, mais je considère aujourd’hui qu’il serait irresponsable de prendre l’initiative de réduire le nombre de têtes nucléaires en France à un moment où l’instabilité domine… Si demain nous devons proposer aux Européens de bâtir la défense européenne, parce que les Américains se désengagent, il faut pouvoir s’appuyer sur un outil de défense complet, des forces conventionnelles qui s’adossent à une dissuasion nucléaire avec une double composante, aérienne et navale. »

Un groupe écologiste à l’Assemblée

Interrogé sur le nombre de circonscriptions réclamées par Europe écologie - Les Verts, Benoît Hamon s’est montré évasif : « Je souhaite que demain les écologistes aient une place importante dans la majorité présidentielle qui sera la mienne. Si nous sommes majoritaires, je souhaite qu’ils puissent disposer d’un groupe », a-t-il répondu en précisant, à propos de Cécile Duflot, qu’il était logique qu’elle « soit députée dans le futur parlement ».

Le matin même, l’écologiste François de Rugy – qu’il avait affronté dans le cadre de la primaire à gauche – a annoncé son soutien à Emmanuel Macron. « Je n’attendais pas spécialement le soutien de François de Rugy, a minimisé Benoît Hamon. C’est à lui de s’arranger avec la parole qu’il avait donnée devant des millions de téléspectateurs. » Et d’ajouter : « Pour un écologiste, je ne vois pas bien la cohérence qui consiste à rallier Emmanuel Macron qui a partie liée avec beaucoup d’intérêts industriels. »

Même si aucun accord n’est en vue avec Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon s’est dit « convaincu » de pouvoir dépasser Emmanuel Macron qui a reçu, un peu plus tard dans la journée, le soutien de François Bayrou. « Ce que je propose, c’est un futur désirable » alors qu’Emmanuel Macron « propose un futur qui, au bout du compte, nous propose de continuer à écrire ou à noircir la page qui est en train de se tourner. C’est une page libérale qui propose 60 milliards de réductions de la dépense publique. Où les prenez-vous ces 60 milliards ? », s’est-il interrogé en qualifiant la campagne de son adversaire de « pas sérieuse ».