Conscients du danger terroriste, des maires renforcent la sécurité des festivals
Conscients du danger terroriste, des maires renforcent la sécurité des festivals
Par Sarah Belouezzane, Olivier Faye
Lille annule sa braderie, mais toutes les villes accueillant des festivités estivales ne prennent pas cette décision. Néanmoins, l’attentat à Nice le 14 juillet est dans toutes les têtes, et la sécurité, la préoccupation première des élus locaux.
A la braderie de Lille, en septembre 2011. Chaque année, plus de 2 millions de visiteurs se pressent dans les rues de la capitale des Flandres pour cet événement. | PHILIPPE HUGUEN / AFP
L’annulation de la braderie de Lille, plus grande brocante d’Europe, avec deux millions de visiteurs chaque premier week-end de septembre, pour des raisons de sécurité, met une fois de plus les maires face à la question pressante du terrorisme. Doivent-ils renoncer aux événements prévus dans leurs villes respectives pour ne pas exposer leurs administrés au risque d’attentat ?
La plupart des élus s’y refusent, même si les maires interrogés par Le Monde ne veulent pas juger la décision prise par leur consœur lilloise, Martine Aubry. « Chaque festival a ses spécificités, c’est un choix toujours très difficile pour tous les élus, il n’y a pas de risque zéro, note Pierre Mathonier, maire (PS) d’Aurillac (Cantal), où doit se tenir le Festival international de théâtre de rue du 17 au 20 août. Nous mettons tous les moyens que nous pouvons pour assurer la sécurité, mais nous n’avons pas de boule de cristal, on ne prévoira pas tout. Peut-être que vous écrirez dans quinze jours qu’Untel ou Untel n’a pas pris les mesures qu’il fallait. »
Toujours est-il que chacun fait en sorte de mettre en place le dispositif le plus complet possible. Et l’exemple récent de l’attentat le 14 juillet à Nice, qui a causé la mort de 85 personnes et fait 434 blessés, est dans toutes les têtes.
Plus de 300 vigiles à Dax
A Dax (Landes), où se tient tous les ans, au mois d’août, la féria qui attire des centaines de milliers de personnes, tous les accès au centre historique seront barrés. La municipalité s’est adjoint le concours de vigiles d’une compagnie privée. 180 d’entre eux seront déployés tout autour du secteur, avec la possibilité de vérifier les sacs des festivaliers. 130 vigiles seront, par ailleurs, tenus de garder les accès aux arènes de la ville, où auront aussi lieu des manifestations de la féria. Les barrières, au nombre de quatorze, seront dotées de chicanes afin de parer un éventuel véhicule bélier. « L’Etat nous fournit, en plus, deux compagnies de CRS et trente militaires, ajoute Gabriel Bellocq, maire (PS) de Dax. Ils vont circuler à l’intérieur de la fête et auront la possibilité d’intervenir s’il y a un incident. »
Le maire de la station thermale rappelle que la situation de sa ville n’est pas comparable à celle de Lille. Par la fréquentation d’abord : « 800 000 personnes en moyenne chez nous, contre 2,5 millions pour la grande braderie, ce n’est tout de même pas pareil. » Par la situation géographique ensuite. La féria, fête de cinq jours organisée autour d’animations et de concerts qui ont lieu jour et nuit, se tient principalement dans le vieux centre historique de Dax, « plus facile à sécuriser que Lille, car limité dans l’espace ».
Sécurisation des sanctuaires à Lourdes
A Lorient (Morbihan), où le Festival interceltique se tient du 5 au 14 août, on précise que « le périmètre du festival est bien délimité par quelques lieux essentiels, comme les deux kilomètres de la grande parade », comme l’explique le maire (PS) Norbert Métairie. Et il n’est pas question de le remettre en cause du jour au lendemain. « Cet événement vise à rassembler la diaspora celte, ça se prépare chaque année de longue date, on n’arrête pas une machine comme ça. Cette année, une délégation vient d’Australie. » Et l’élu d’ajouter : « Nous invitons tout le monde à la vigilance, à observer ce qu’il se passe. »
« Si on raisonne froidement, ça serait plus simple de tout annuler. Mais ça serait renoncer à notre manière d’être, de vivre », dit Pierre Mathonier. Mais dans certaines villes, comme à Lourdes (Hautes-Pyrénées), la question de l’annulation ne se pose même pas. « Nous avons pris des mesures pour sécuriser les sanctuaires, explique Josette Bourdeu, maire (PRG) de la ville. Nous ne voulons pas que les pèlerins soient inquiets, nous voulons qu’ils sachent qu’on s’occupe d’eux. » Mais ils ont beau prendre toutes les mesures possibles, tous les maires en conviennent : « Le risque zéro n’existe pas. »