Les starlettes sud-coréennes victimes du refroidissement des relations entre Séoul et Pékin
Les starlettes sud-coréennes victimes du refroidissement des relations entre Séoul et Pékin
Par Harold Thibault
La Chine voit dans l’installation, pour la fin 2017, du bouclier antimissiles américain sur le territoire sud-coréen une menace pour sa propre dissuasion nucléaire.
Du fait de difficultés d’obtention de visa, l’acteur coréen Lee Joon-gi, l’acteur de « Never Said Goodbye », ne peut se rendre à l’avant-première pékinoise du film. | YOUTUBE
La montée des tensions en Asie du Nord-Est fait une victime bien innocente, la K-pop. La culture de masse sud-coréenne, populaire dans une bonne partie de l’Asie et notamment en Chine, subit le mécontentement de son incontournable voisin à mesure que Séoul se rapproche de Washington.
Une phase de lune de miel avait suivi l’arrivée simultanée au pouvoir de Xi Jinping à Pékin et de Park Geun-hye en Corée du Sud, début 2013. Le quatrième essai nucléaire effectué par Pyongyang, le 6 janvier, et les tirs de missiles qui se sont succédé depuis ont changé la donne et convaincu la Corée du Sud de s’en remettre à son protecteur militaire, les Etats-Unis. La République de Corée a accédé, le 8 juillet, à la demande américaine d’installer sur son territoire un système d’interception de missiles, le Terminal High Altitude Aerial Defense.
Or, la Chine voit en ces nouveaux radars et batteries de missiles, qui seront installés avant la fin 2017, une menace pour sa propre dissuasion nucléaire. Pékin a multiplié les avertissements.
Depuis, les reports et annulations d’échanges culturels se multiplient. Des officiels de la ville de Daegu ont reçu un coup de fil leur annonçant que dix-neuf fonctionnaires de la cité portuaire chinoise de Qingdao ne pourraient finalement pas se rendre comme prévu à la Fête du poulet et de la bière, qui s’est tenue du 27 au 31 juillet. Motif avancé par leurs homologues chinois : « Le timing n’est pas bon. »
Crainte de la multiplication des blocages de visa
Quant à la venue de blogueurs chinois prévue dans la province sud-coréenne de Gangwon, elle a été suspendue car ils se trouvaient « dans une position difficile », rapporte le quotidien coréen Hankyoreh.
Deux grandes stars des séries télévisées sud-coréennes, Kim Woo-bin et Bae Suzy, ne seront pas non plus présentes lors d’une rencontre avec leurs fans pékinois, samedi 6 août. Les autorités chinoises ont poussé les organisateurs à renoncer dans un cas et fait durer l’examen de la demande de visa de l’artiste dans l’autre.
Never Said Goodbye (谎言西西里, 2016) trailer
Durée : 01:32
Des difficultés d’obtention du visa similaires expliquent que l’acteur coréen Lee Joon-gi, qui compte seize millions de fans sur le réseau social chinois Weibo, ne sera pas présent, dimanche 7, à l’avant-première d’une production chinoise, Never Said Goodbye, rapporte, par ailleurs, le Wall Street Journal. Le South China Morning Post révèle, de son côté, que les chaînes de télévision de la province du Guangdong ont reçu l’ordre de ne pas acheter pour l’heure de nouveaux programmes sud-coréens.
La crainte d’une multiplication des blocages de ce type pèse déjà sur le cours de Bourse des géants sud-coréens du divertissement. Le groupe SM a chuté de 6,5 % depuis lundi sur le marché de Séoul, tandis que son concurrent YG, qui a notamment lancé le rappeur Psy, a perdu 12 %.