La Gazette des Jeux : un revenant de 35 ans, un stade vide et une gueule de bois
La Gazette des Jeux : un revenant de 35 ans, un stade vide et une gueule de bois
La France remonte à la huitième place du classement des nations avec un total de 17 médailles. Et ce soir, c’est trampoline.
Anthony Ervin a 35 ans, il nage vite et, à l’inverse de Florent Manaudou, il est double champion olympique du 50 m nage libre. | MARTIN BUREAU / AFP
C’est aujourd’hui
Début en fanfare avec le tour préliminaire du 100 m hommes, terrain de prédilection pour les aficionados du jeu des derniers (14 h 30). On mise d’ores et déjà une petite pièce en chocolat sur Etimoni Timuani, seul et unique athlète de la délégation de l’Etat de Tuvalu, dont il est aussi le porte-drapeau.
A 15 h 40 et 16 h, l’acmé des courses d’aviron est au programme : les deux finales - femmes et hommes - du « huit », ce que le 100 m est à l’athlétisme, la descente au ski, ou la finale de la Coupe de la Ligue au football. C’est-à-dire l’épreuve reine.
A 17 h 45, une petite demi-finale des poids lourds (- 91 kilos) en boxe pour se mettre en jambes avant d’attaquer à 19 h 03 les qualifications du trampoline hommes. La finale sera à 20 h 42, on espère y admirer les pirouettes de la star chinoise Dong Dong, dont le titre olympique en 2012 avait fait les choux gras de la presse tabloïd britannique. Peut-être parce que « dong » signifie chibre en argot anglais.
Loin de ce genre de considérations, les sabreuses s’escrimeront par équipe, avec une finale à partir de 23 h 15. L’occasion peut être pour les Américaines de défendre leur médaille de bronze, et donc de voir en action Ibtihaj Mohammad, devenu un symbole outre-Atlantique, parce que c’est une bonne escrimeuse, mais aussi un peu parce qu’elle va devenir la première américaine à disputer les JO en portant le hijab, le voile islamique, sous son masque de compétition.
ET AUSSI… Le vélodrome olympique va chauffer lors de la vitesse hommes (huitièmes de finale 15 h 20), où Grégory Baugé est le dernier Français en lice. Le tournoi féminin de tennis trouvera son terme à 22 h 20 (finale entre l’Allemande Angelique Kerber et la surprenante portoricaine Monica Puig), comme le concours de saut en longueur hommes (1 h 50), le 10 000 m hommes (2 h 25) ou le 100 m femmes (3 h 35), où l’on attend beaucoup du duel néerlando-jamaïcain entre Dafne Schippers et Shelly-Ann Fraser-Pryce.
C’était hier
Il faudrait un peu de temps de cerveau humain disponible pour retrouver trace d’une journée aussi riche en médailles françaises. En l’espace d’une petite journée, la France a remporté six médailles : trois en or (un merci à l’aviron, un double merci au judo), et trois d’argent (tir à l’arc, escrime et enfin natation, Florent Manaudou s’étant finalement contenté de ce métal). La voilà désormais 8e au classement des nations les mieux dotées, derrière la Russie mais devant l’Australie.
Six médailles d’un coup, c’est beaucoup. La France en comptait onze jusque-là, mais en six jours de compétition.
C’est vu
Après sa défaite vendredi, le judoka égyptien, Islam El Shehaby, refuse de serrer la main à son vainqueur, l’Israélien Or Sasson. | Markus Schreiber / AP
Sous pression d’une partie de l’opinion de son pays, le judoka égyptien Islam El Shehaby, a refusé la main tendue par son vainqueur israélien, Or Sasson, mais il n’a pas boycotté le combat. Certains crient au bafouement de l’esprit olympique, d’autres y voient un progrès alors que beaucoup de sportifs des pays arabes refusent parfois de concourir face à leurs homologues venus d’Israel. « Son attitude sera examinée après les Jeux pour voir si des mesures additionnelles doivent être prises », a déclaré dans un communiqué la Fédération internationale de judo.
C’est dit
« C’est un sacré voyage de revenir seize ans plus tard sur le podium des Jeux olympiques. C’est irréel, un peu absurde. Quand j’ai touché le mur, que je me suis retourné et que j’ai vu le chiffre un à côté de mon nom, je me suis marré. »
Si Anthony Ervin s’est bien fendu la poire vendredi soir dans la piscine olympique de Rio, Florent Manaudou a lui ri jaune. A 35 ans, l’Américain a réussi un incroyable come-back, seize ans après son premier titre olympique du 50 m nage libre récolté à Athènes en 2004.
« Bande de lâches ». Cette gentillesse est adressée par la gardienne de but américaine Hope Solo aux joueuses de football suédoises. Qualifiées pour les demi-finales du tournoi olympique féminin, les Scandinaves peuvent encore rêver du titre. Une perspective qui permet d’ignorer cette saillie de mauvaise perdante.
C’est « tudo bem »
Conseils. Quand son fils avait 13 ans, M. Schooling a demandé à un nageur américain de passage à Singapour avant les Jeux olympiques de Pékin, Michael Phelps, où il devait envoyer son fils pour devenir un bon nageur. On ne sait pas ce que lui a répondu Michael Phelps, mais Joseph Schooling a atterri à la Bolles School de Jacksonville, en Floride. Et huit ans plus tard, il a remporté le 100 mètres papillon des Jeux olympiques, vendredi soir à Rio, en battant le record olympique (20” 38). Loin devant son idole de jeunesse, qui a partagé la médaille d’argent avec Chad Le Clos et Laszlo Cseh (21” 14), une première dans l’histoire de la natation olympique.
Joseph Scooling en 2008, avec un nageur à moustache | Straitstimes.com
Vide. Le stade olympique a sonné creux au premier jour des épreuves d’athlétisme. Quelques milliers de spectateurs tout au plus dans un stade de 56 000 places : même les Girondins de Bordeaux attiraient plus de monde dans leur nouveau stade la saison dernière. Pourtant, entre la finale du lancer du poids féminin et une frappe écrasée de Cheikh Diabaté, tout le monde devrait choisir Valerie Adams (médaillée d’argent derrière l’Américaine Michelle Carter).
Selon les organisateurs, 58 % des billets avaient été vendus pour la session du matin et 65 % pour celle du soir. On a trouvé un point commun entre la CGT et le CIO.
Empty seats inside the Olympic stadium during the athletics competitions of the 2016 Summer Olympics at the Olympic stadium in Rio de Janeiro, Brazil, Friday, Aug. 12, 2016. (AP Photo/Gregory Bull) | Gregory Bull / AP
Langue. Pour avoir oublié de mettre la main sur le cœur durant l’hymne américain, la gymnaste Gabrielle Douglas s’est fait harceler sur les réseaux sociaux. Bradley Wiggins, lui, a carrément offert une grimace au monde entier en tirant la langue à la fin de God Save the Queen, ce qui a bien fait marrer ses coéquipiers de la poursuite par équipe, champions olympiques à ses côtés.
Bradley Wiggins hilariously sticks tongue out during anthem
Durée : 00:05
Les Britanniques ayant un peu plus d’humour que les Américains (oui, c’est un cliché sans doute stupide), on peut penser qu’ils n’inonderont pas d’insultes les comptes de Bradley Wiggins sur les réseaux sociaux — peut-être aussi parce que le cycliste de Kilburn est devenu le Britannique le plus médaillé de l’histoire aux Jeux olympiques, avec huit podiums, et que ça vous pose un homme. Au moment où vous lisez ces lignes, Bradley Wiggins est quelque part dans un bar de Rio en train de descendre sa huitième pinte. « Demain, j’aurai la gueule de bois », a-t-il prévenu après sa victoire.