Primaire écolo : quatre candidats pour une investiture
Primaire écolo : quatre candidats pour une investiture
Par Raphaëlle Besse Desmoulières
La députée de Paris, Cécile Duflot, et trois élus européens, Yannick Jadot, Karima Delli et Michèle Rivasi, sont qualifiés pour ce scrutin qui se tiendra en octobre.
Top départ pour la primaire d’Europe Ecologie-Les Verts qui se tiendra en octobre. Les prétendants avaient jusqu’au 31 août pour déclarer leur candidature et récolter les 36 parrainages de conseillers fédéraux nécessaires pour se présenter sur les 240 que compte le parti. Ils sont quatre à avoir rempli les conditions requises : la députée de Paris, Cécile Duflot, et trois élus européens : Yannick Jadot, Karima Delli et Michèle Rivasi.
Le match est loin d’être plié et un duel se dessine déjà entre Cécile Duflot et Yannick Jadot. Pour l’heure, le climat est apaisé mais la campagne ne fait que commencer. Le choix des modalités du scrutin, qui ne sont pas encore arrêtées, pourrait être source de tensions. Seule certitude : les sympathisants pourront participer au vote en s’inscrivant avant le 1er octobre, moyennant 5 euros.
- Cécile Duflot, 41 ans, la favorite
Cécile Duflot en dédicace aux journées d'été d’EELV à Lorient, le 25 août. | THIERRY PASQUET/SIGNATURES POUR LE MONDE
Ex-patronne des Verts, ancienne ministre du logement de François Hollande, députée de Paris : Cécile Duflot a un CV rare chez les écolos. Son parcours la place d’emblée comme la grande favorite du vote. L’élue, qui se prépare depuis plus d’un an à la présidentielle, n’était pas favorable à un tel scrutin. D’autant moins qu’elle sait que la partie est loin d’être gagnée. En interne, même si elle conserve un bon crédit auprès des militants, les années fastes sont derrière elle. Sa gestion du mouvement de 2006 à 2012 comme son départ du gouvernement deux ans plus tard pèseront dans son bilan.
Sa principale proposition : que « l’impératif climatique soit rendu constitutionnel ». L’ex-ministre sait qu’elle joue gros et met en avant sa « solidité » et son « expérience » pour faire de la primaire un « marchepied pour la présidentielle ». Elle a déjà reçu un soutien de poids : celui de David Cormand, secrétaire national d’EELV, qui a jugé que la notoriété de l’ex-ministre était un atout indispensable, selon lui, pour exister dans la campagne présidentielle. Pas sûr que l’argument soit cependant le plus pertinent pour les militants écolos.
- Yannick Jadot, 49 ans, le challenger
Yannick Jadot, aux journées d'été d’EELV à Lorient (Morbihan), le 26 août. | THIERRY PASQUET/ SIGNATURES POUR LE MONDE
Il est la menace la plus sérieuse pour Cécile Duflot. Elu au Parlement européen depuis 2009, Yannick Jadot y a acquis une réputation de bosseur. Spécialiste du climat et du traité transatlantique, il peut aussi mettre en avant son expérience en tant que directeur des campagnes de Greenpeace France de 2002 à 2008. Aux côtés de Thomas Piketty et Daniel Cohn-Bendit – son mentor –, il est l’un de ceux qui réclamaient en janvier une primaire de toute la gauche. Il s’y voyait déjà candidat. L’initiative a échoué, il s’est rabattu sur celle de son parti. Lui veut « réconcilier les électeurs avec l’écologie politique » : « Nous sommes les seuls à parler de l’urgence climatique et à porter un projet positif pour l’Europe. »
Yannick Jadot espère s’imposer face à la « candidature attendue par le monde politico-médiatique » – comprendre celle de Cécile Duflot. Par le passé, il a été accusé de jouer trop personnel mais il n’est pas marqué, comme l’ex-patronne des Verts, par une image politicienne. Son principal handicap reste un gros déficit de notoriété. Issu de l’aile droite du parti, il se présente aujourd’hui comme le mieux placé pour « rassembler l’ensemble de la famille écolo, associative et politique ». Il pourrait surtout cristalliser un front anti-Duflot.
- Karima Delli, 37 ans, l’outsider
Karima Delli, lors d’un atelier sur les transports aux journées d'été d’EELV à Lorient, le 26 août. | THIERRY PASQUET/ SIGNATURES POUR LE MONDE
Au début de l’été, Karima Delli avait fait savoir qu’elle « réfléchissait » à se présenter à la primaire d’EELV. Elle s’est finalement lancée le 23 août à la veille des journées d’été du mouvement à Lorient (Morbihan). Trois jours plus tard, elle avait déjà les parrainages requis pour se présenter. De quoi booster cette native de Roubaix qui fait figure d’outsider dans ce scrutin.
Issue d’une famille d’immigrés algériens, Karima Delli a commencé par militer à Jeudi noir avant de se lancer en politique sur les listes franciliennes de Daniel Cohn-Bendit aux européennes de 2009. En quatrième position, elle reste la grosse surprise de ce scrutin chez les écolos. Cinq ans plus tard, elle sauve son siège de justesse, cette fois dans la région Nord-Ouest. Dans cette primaire, cette figure de l’aile gauche du parti entend défendre « une écologie populaire ». L’entourage de Cécile Duflot veut croire que sa candidature, comme celle de Michèle Rivasi, pourrait coûter des voix à Yannick Jadot et le priver de dynamique en cas de second tour.
- Michèle Rivasi, 63 ans, la rescapée
Michèle Rivasi, aux journées d'été d’EELV à Lorient, le 25 août. | THIERRY PASQUET/SIGNATURES POUR LE MONDE
Michèle Rivasi est partie tôt en campagne. Dès l’été 2015, avant le séisme qui ébranlera le parti avec des départs en cascade, la députée européenne réclame l’organisation d’une primaire écologiste. Elle est pourtant celle qui aura eu le plus de mal à récolter ses parrainages et ce n’est qu’in extremis qu’elle a pu se qualifier. Elle se veut « la candidate de l’authenticité, d’une écologie qui lie urgence sociale, environnementale et démocratique ».
Comme Yannick Jadot, Michèle Rivasi peut mettre en avant un CV militant et associatif de qualité. Fondatrice de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) en 1986, après la catastrophe de Tchernobyl, elle a aussi dirigé Greenpeace France de 2003 à 2004. Côté politique, elle a été députée de la Drôme de 1997 à 2002 comme socialiste apparentée. Elle rejoint Europe Ecologie pour les européennes de 2009 et gagne son ticket pour le Parlement européen dans le Sud-Est. Réélue en 2014, Michèle Rivasi, longtemps classée à la gauche d’EELV, est appréciée en interne pour sa connaissance des dossiers mais on lui reproche de ne s’intéresser au parti qu’au moment des investitures.