Le président philippin Rodrigo Duterte s’exprimant en marge du sommet du G20 en Chine. | NOEL CELIS / AFP

Le président philippin Rodrigo Duterte a qualifié, lundi 5 septembre, son homologue américain de « fils de pute ». Une déclaration qui incite Barack Obama à s’interroger sur l’intérêt d’une rencontre prévue mardi au Laos.

« C’est un garçon pittoresque », a réagi M. Obama, s’exprimant en marge du sommet du G20 en Chine, et précisant avoir demandé à son équipe de vérifier l’utilité d’une rencontre. « Je veux toujours m’assurer, si j’ai une rencontre prévue, que cela va être vraiment productif », a-t-il ajouté à la veille d’un entretien prévu avec M. Duterte à Vientiane lors du sommet de l’Asean (Association des nations d’Asie du Sud-Est).

« Je vais te porter malheur »

Auparavant, s’exprimant lors d’une conférence de presse aux Philippines avant son départ pour le Laos, le bouillonnant président philippin s’était emporté en évoquant les remarques que risquait de lui faire M. Obama sur les droits de l’homme, notamment à propos des méthodes utilisées dans la lutte contre le trafic de drogue.

« Je suis un président d’un Etat souverain et nous avons depuis longtemps cessé d’être une colonie, je n’ai pas de maître, sauf le peuple philippin. Il faut être respectueux. Il ne faut pas se contenter de balancer des questions et des communiqués. Fils de pute, je vais te porter malheur dans ce forum. »

Un président sulfureux

Les Philippines, ancienne colonie américaine, sont l’un des pays les plus proches des Etats-Unis en Asie du Sud-Est, notamment dans le contexte des différends territoriaux avec Pékin sur la mer de Chine méridionale. Les deux pays sont liés par un traité d’alliance militaire.

Mais depuis son accession au pouvoir en mai et après une campagne ordurière et populiste, Rodrigo Duterte a multiplié les insultes notamment contre l’ambassadeur américain, menaçant de quitter l’ONU et de rompre avec Washington et Canberra.

Il s’est attiré les critiques des Nations unies et du département d’Etat pour avoir engagé ses concitoyens à tuer eux-mêmes les toxicomanes et dealers afin d’éradiquer le fléau de la drogue dans ce pays. Ces exécutions extrajudiciaires ont déjà fait officiellement près de 2 000 morts.