Les lapins crétins, une des franchises iconoclastes du portefeuille Ubisoft. | Ubisoft

Outre les amateurs historiques du « Petit Journal », le succès de la première de « Quotidien », la nouvelle émission de Yann Barthès, a fait un heureux plus inattendu : Ubisoft, la société de jeux vidéo française derrière les Lapins crétins. « Le succès de “Quotidien”, ou l’évidence de la supériorité des talents sur les structures... CQFD. Bravo TF1 et TMC », a posté sur Twitter le cofondateur de la firme Christian Guillemot, tandis qu’Emmanuel Carré, porte-parole de l’éditeur, y allait d’un « Bravo Yann ! Chez Ubisoft on se bat aussi pour rester indépendants. »

Le choix de l’ancien animateur de Canal+ ne doit évidemment rien au hasard : s’il n’avait pas quitté la chaîne au printemps dernier, Yann Barthes travaillerait aujourd’hui pour Vivendi, groupe qui a avalé la chaîne en 2015 et menace d’en faire de même avec Ubisoft. Le conglomérat dirigé par Vincent Bolloré, entré il y a un an au capital de l’éditeur de jeux vidéo, en détient depuis juillet 22,8 %.

La « supériorité des talents sur les structures », c’est le message que rabâche Ubisoft depuis désormais presque un an. En juin, Yves Guillemot vantait déjà les mérites de l’indépendance de sa société, qui fête ses trente ans cette année, et a besoin, à ses yeux, de rester « libre de créer, libre d’innover, libre de s’exprimer, libre de prendre des risques et de s’amuser ». Le message avait alors fait grincer des dents chez Vivendi, et ce soutien à Yann Barthès sonne comme une provocation supplémentaire, alors que le premier « Petit Journal » depuis la refonte de Canal+ a été vivement critiqué.

« On aime bien le ton libre et indépendant de Barthes et on est heureux de le voir revenir. C’est la preuve que l’indépendance favorise la créativité », jubile Emmanuel Carré, interrogé par Le Monde, tout en assurant que ces messages de félicitations étaient « spontanés ». La veille, des employés d’Ubisoft avaient lancé le site weloveUbisoft, collection de sourires vantant l’identité et l’unité qu’Ubisoft entend conserver.