La secrétaire d’Etat à l’intérieur britannique rattrapée par les « Bahamas Leaks »
La secrétaire d’Etat à l’intérieur britannique rattrapée par les « Bahamas Leaks »
Par Jérémie Baruch
Amber Rudd a été directrice de deux sociétés enregistrées aux Bahamas. Elle a refusé d’expliquer à quoi servaient ces structures offshore.
Amber Rudd, secrétaire d’Etat à l’intérieur britannique, était directrice de deux sociétés offshore enregistrées aux Bahamas. | OLI SCARFF / AFP
Lors de l’enquête des « Panama Papers », publiée en avril, Le Monde et les médias partenaires du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) avaient révélé que le premier ministre de l’époque, David Cameron, avait bénéficié d’un fonds offshore enregistré aux Bahamas.
Les « Bahamas Leaks » en bref
Cinq mois après les « Panama papers », Le Monde et ses partenaires du consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) ont eu accès à de nouveaux documents confidentiels sur le monde opaque des paradis fiscaux : les « Bahamas Leaks ».
Ces documents obtenus par la Süddeutsche Zeitung portent sur 175 480 structures offshore enregistrées aux Bahamas entre 1959 et 2016. Ils dressent l’équivalent d’un « registre du commerce » pour ce paradis fiscal opaque, levant le voile sur l’identité des administrateurs de certaines de ces sociétés, jusque-là anonymes.
Amber Rudd, actuelle secrétaire d’Etat à l’intérieur du Royaume-Uni, avait alors vivement défendu M. Cameron, expliquant notamment que sa famille avait payé tous les impôts dus, ajoutant que « s’attaquer aux paradis fiscaux était un objectif prioritaire du gouvernement ». Cette prise de position peut être lue sous un jour nouveau avec les nouvelles révélations des « Bahamas Leaks ».
Deux sociétés offshore
Amber Rudd est devenue administratrice, le 21 décembre 1998, de deux sociétés enregistrées aux Bahamas, Advanced Asset Allocation Fund Limited et Advanced Asset Allocation Management. Elle a démissionné de ses fonctions de la première en décembre 1999 et de la seconde en mai 2000. Mme Rudd, qui est devenue parlementaire en 2010, a refusé de répondre aux questions de l’ICIJ concernant son rôle dans les sociétés auxquelles elle a participé, bien que rien ne suggère pour l’instant qu’elle ait utilisé ces structures offshore pour échapper à l’impôt.
Néanmoins, ces révélations risquent d’être une nouvelle épine dans le pied de la secrétaire d’Etat, déjà inquiétée par le passé. Avant qu’elle ne démarre sa carrière politique au mitan des années 2000, Amber Rudd avait été codirectrice d’une société britannique, Monticello Plc. Son codirigeant, Mark O’Halon, a été jugé coupable, en 2007, de fournir sciemment de fausses informations sur Monticello afin de manipuler le prix des actions. Il a pour cela été condamné à dix-huit mois de prison.
Interrogé sur les relations d’Amber Rudd avec Mark O’Halon, son porte-parole a précisé qu’« il est de notoriété publique [qu’elle] avait eu une carrière dans le privé avant de faire de la politique. Monticello a fait l’objet d’une enquête approfondie il y a seize ans, et ceux qui avaient fauté ont été identifiés et jugés. »