Un enfant rom sur deux n’est toujours pas scolarisé
Un enfant rom sur deux n’est toujours pas scolarisé
Par Adrien Pécout
Des différences significatives subsistent selon l’âge ou le sexe, précise l’étude publiée mardi 27 septembre par le Collectif pour le droit des enfants roms à l’éducation.
Une jeune volontaire en mission « éducation pour tous » au sein de l'association Les Enfants du Canal (auprès des Roms). | Jean Larive
La situation ne s’arrange pas. Malgré l’obligation de scolariser tout enfant sur le sol français entre 6 et 16 ans, la part d’enfants roms de 12 à 18 ans n’allant pas à l’école (53 %) reste largement supérieure de la moyenne nationale (7 %). C’est ce qu’établit une enquête publiée, mardi 27 septembre, par le Collectif pour le droit des enfants roms à l’éducation (CDERE). Rien de neuf depuis une étude, publiée en 2014 par l’ONG European Roma Rights Centre.
Menés entre novembre 2015 et juillet 2016 avec l’aide de chercheurs des universités Paris Ouest - Nanterre et Paris-Diderot, les travaux du CDERE portent sur 161 jeunes répartis dans 34 bidonvilles du pays. D’une ampleur inédite, cet échantillon représenterait « entre 9 et 10 % de la population présumée des jeunes de 12 à 18 ans vivant en bidonvilles en France ».
Le temps de trajet, « facteur déterminant »
De l’étude, il ressort surtout que, chez les roms scolarisés, le taux de fréquentation est « relativement élevé ». Sept élèves sur dix (71 %) déclarent fréquenter l’école tous les jours. Une large majorité (77 %) va à la cantine, mais seule une petite minorité prend part aux activités extrascolaires (6 %). « Alors que l’assiduité est souvent mise en cause par les acteurs institutionnels, indique l’enquête, ce chiffre met à mal cette idée pourtant assez répandue. » Cependant, 6 % des jeunes interrogés reconnaissent se rendre à l’école moins de deux fois par semaine.
Le temps de transport est un « facteur déterminant ». Il est inférieur à trente minutes pour 47 % des jeunes scolarisés, même si ce temps de trajet « ne nous renseigne pas sur l’accessibilité réelle (marcher dans la boue ou le long d’une route par exemple) », précise l’étude.
Les moyens de transport, eux, sont principalement les transports en commun (76 %), mais pas le bus scolaire. Seuls 20 % des élèves déclarent se rendre à pied à l’école, et le taux descend à seulement 1,3 % pour les enfants transportés en voiture.
L’impact de l’âge et du sexe sur le taux de scolarisation est un autre point important de l’enquête. Le collectif observe une différence entre le taux de déscolarisation des filles (56 %) et celui des garçons (50 %). Celle-ci est surtout importante à l’âge de 12-13 ans : 28 % des garçons sont déscolarisés, contre 50 % des jeunes filles.
« Refus de scolarisation »
L’étude montre cependant que la scolarisation baisse de façon « alarmante » pour les deux sexes dans la catégorie des 16-18 ans : le taux n’est alors que de 4 %. Cette dernière tranche d’âge n’est plus concernée, en effet, par l’obligation légale.
Avant 16 ans en revanche, celle-ci vaut pour tout enfant, même si ses parents sont étrangers ou en situation irrégulière. Vendredi 23 septembre, la préfecture de Seine-Saint-Denis a ainsi indiqué avoir mis en demeure la mairie (UDI) de Saint-Ouen de scolariser cinq enfants roms qu’elle refuse d’inscrire dans ses écoles. La municipalité a jusqu’au samedi 1er octobre.
« En cas de non-réponse ou de refus, le préfet désignera par arrêté un délégué spécial chargé d’effectuer l’inscription », a détaillé la préfecture. En 2014, l’étude de l’ONG European Roma Rights Centre établissait que la déscolarisation n’était pas due principalement à la volonté des familles roms, mais plutôt aux « refus de scolarisation » opposés par les mairies.