Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargé de l’économie numérique, en décembre 2015. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Lancée il y a un an presque jour pour jour, la Grande Ecole du numérique (GEN) continue d’asseoir ses bases. Ce programme gouvernemental, qui vise à stimuler la formation française dans les métiers du numérique, a pour ambition d’atteindre le nombre d’au moins 10 000 diplomés d’ici à la fin 2017. Pour réaliser cet objectif, un premier appel d’offres clôturé en octobre 2015 a permis de labelliser 171 formations courtes (de trois à vingt-quatre mois) et qualifiantes afin de les rendre plus attractives sur le marché de l’emploi. Un second appel d’offres a été lancé cet été pour étendre le dispositif.

Lundi 3 octobre, le président de la République doit annoncer une étape supplémentaire : des acteurs privés vont faire leur entrée dans le groupement d’intérêt public pilotant le programme. Parmi eux figurent notamment des entreprises comme Capgemini, Google, la Société générale, mais aussi la Caisse des dépôts et consignations ou le Syntec, le syndicat du numérique. L’idée est de coller au plus près des attentes des entreprises dans ce secteur.

Le choix du lieu où devait être faite l’annonce, la Web@cadémie, une école située au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), n’est pas anodin. Il s’agit de reconnaître le travail d’une structure qui a endossé les missions de la GEN avant même qu’elle ait vu le jour, explique-t-on au sein du cabinet de la secrétaire d’Etat chargée de l’économie numérique, Axelle Lemaire. « Plutôt que de recréer un truc qui vient d’en haut, on souhaite reconnaître le travail de ceux qui font déjà cet effort », précise un conseiller.

50 000 emplois non pourvus

Un budget de 5 millions d’euros a été attribué au premier appel d’offres. Le second bénéficiera de 10 millions d’euros. Les partenaires privés contribueront eux au financement de la structure appelée à piloter le projet, soit une douzaine de personnes. Pour les partenaires, il ne s’agit pas d’être cantonné au rôle de mécènes. « L’important est de pouvoir peser dans les orientations de formation, afin que celle-ci corresponde aux attentes du marché », explique Stéphane Regnier, vice-président chargé du conseil dans les activités du numérique de Capgemini. Le groupe, qui revendique 2 800 embauches par an, en particulier dans le domaine du digital, pointe ses difficultés à trouver les profils adéquats dans un secteur en perpétuelle mutation. S’il s’assure de la pérennité du programme, Capgemini envisage de créer sa propre école labellisée « Grande Ecole du numérique ».

Avec ce programme, le gouvernement espère pouvoir combler des besoins d’une économie en transformation. 50 000 emplois seraient actuellement non pourvus dans le domaine du numérique (développeurs, intégrateurs, designers UX/UI, conseillers en cybersécurité, animateurs de réseaux sociaux, etc.) et 191 000 d’ici à 2022, selon un rapport de la Dares. A cela s’ajoutent d’autres préoccupations : donner accès à un diplôme à des personnes peu ou pas qualifiées, sans emploi mais jouissant souvent d’une forte culture numérique, et qui bénéficieront d’une aide financière le temps de leur formation ; féminiser le secteur (au moins 30 % dans les effectifs formés) ; et dynamiser le territoire en créant une offre de formation décentralisée. A ce jour, 4 000 personnes auraient bénéficié des apprentissages de la Grande Ecole du numérique.