A l’initiative d’Anne Pingeot, Gallimard publie les lettres que Mitterrand lui avait adressées
A l’initiative d’Anne Pingeot, Gallimard publie les lettres que Mitterrand lui avait adressées
LE MONDE DES LIVRES
A la veille du centenaire de la naissance de François Mitterrand, la maison d’édition s’apprête à publier, le 13 octobre, deux documents bouleversants : « Lettres pour Anne » et « Journal pour Anne (1964-1970) ».
A la veille du centenaire de François Mitterrand (1916-1995), les éditions Gallimard s’apprêtent à publier, jeudi 13 octobre, deux documents exceptionnels qui témoignent de la longue passion de l’ancien président de la République avec Anne Pingeot. D’une part, une correspondance qui court de 1962 à 1995, et qui paraît sous le titre Lettres pour Anne ; d’autre part, un Journal pour Anne (1964-1970). Ce dernier, dont Le Monde publie en exclusivité des extraits, est un document particulièrement fascinant, inclassable, bouleversant par l’entrelacement intime de l’écriture joueuse et des collages graphiques, la beauté des fragments amoureux, l’évidence d’une fidélité.
Jusqu’ici, le secret était bien gardé, mais cela fait maintenant un an qu’a été prise la décision de publier le journal et la correspondance adressés par François Mitterrand à Anne Pingeot. A l’automne 2015, cette dernière invite à déjeuner chez elle l’éditeur Jean-Louis Champion, ancienne relation et, comme elle, spécialiste de l’histoire de la sculpture. Devant lui, elle sort les nombreuses boîtes (dont certaines à chaussures) dans lesquelles sont entreposées ses archives sentimentales. Vingt-deux blocs de papier pour le Journal, 1 218 lettres pour la correspondance.
Un travail immense, à la fois exaltant et périlleux
Selon Jean-Louis Champion, ces documents avaient été proposés, un an auparavant, à l’Institut François-Mitterrand, qui préparait déjà le centenaire de la naissance de l’ancien président de la République. « Ont-ils reculé devant l’ampleur de la tâche ? Y a-t-il eu des dissensions internes ? Je l’ignore », confie l’éditeur. Quoi qu’il en soit, après avoir découvert les archives, Champion organise un nouveau déjeuner avec Anne Pingeot, mais aussi Antoine Gallimard et l’historien Jean-Noël Jeanneney, qui préside le conseil scientifique de l’Institut.
Ensuite, c’est Anne Pingeot qui s’est chargée de la retranscription et de l’édition des lettres, un travail immense, à la fois exaltant et périlleux, mais dont elle tenait à s’occuper elle-même. Actuellement à l’étranger, Anne Pingeot a tenu, cette fois encore, à rester en retrait pendant la promotion des livres. Il reste qu’après des décennies de silence, elle fait doublement acte de présence : d’une part, elle s’assure que les témoignages d’amour de François Mitterrand ne se seront jamais dispersés ; d’autre part, elle rend justice à une puissante passion, qui éclaire d’un jour nouveau l’histoire politique, mais aussi littéraire, du XXe siècle.