Si les universités françaises fusionnaient, à quoi ressemblerait le classement de Shanghaï ?
Si les universités françaises fusionnaient, à quoi ressemblerait le classement de Shanghaï ?
Par Adrien de Tricornot
Une simulation reprenant les critères du célèbre classement mondial des universités montre que la France gagnerait des places si elle allait au bout des regroupements d’établissements initiés.
Vue de l'entrée du Collège de France, à Paris. | JACQUES MOSSOT
Si les fusions d’établissements du supérieur se poursuivaient, la France ferait-elle meilleure figure dans le très observé classement de Shanghaï ? C’est la question à laquelle tente de répondre une simulation qui se distingue du palmarès chinois en évaluant, non pas chaque entité, mais plutôt les regroupements d’établissements entrepris depuis 2013 dans le cadre des communautés d’universités et d’établissements (Comue).
Daniel Egret, astronome à l’Observatoire de Paris, s’est livré à l’exercice pour la troisième année d’affilée. En reprenant les critères du classement chinois, qui font la part belle à la recherche – nombre de prix Nobel, nombre de citations des articles des chercheurs dans les revues scientifiques, etc. –, il estime que la France classerait neuf Comue parmi les cent cinquante premiers mondiaux, au lieu de six universités ou écoles actuellement, et à des meilleures places que celles obtenues par ces dernières (voir le tableau complet au bas de cet article).
Pour la Comue à laquelle appartient M. Egret, Paris sciences et lettres (ou PSL Research University), le résultat serait particulièrement positif : deux de ses membres, l’Ecole normale supérieure et Paris-Dauphine, y sont d’ores et déjà classées, respectivement à la 87e place et entre la 300e et la 400e place. Mais si les vingt-cinq entités sont comptabilisées en tant qu’une seule Comue, elle décrocherait, cette année comme en 2015, la 25e place du classement mondial, soit le premier rang français.
Cette projection pour PSL a été confirmée : elle a demandé à l’université Jia Tong, qui réalise le classement de Shanghaï, une évaluation de son rang en tant que Comue. « Nous avons une petite bonne surprise, nous sommes 23e », révèle Thierry Coulhon, le président de PSL. De quoi apporter de l’eau au moulin des partisans des regroupements universitaires.
Obtenir davantage de visibilité internationale
Paris sciences et lettres s’est aussi adressé aux deux instituts privés qui réalisent les classements internationaux les plus regardés, et dont les résultats reposent moins sur des critères quantitatifs et davantage sur des enquêtes de réputation. Avec sa propre méthodologie, le mensuel Times Higher Education classe ainsi PSL à la 39e place mondiale ; du côté du think tank britannique Quacquarelli Symonds (QS), enfin, les discussions sont en cours.
Implicitement, ces exercices plaident en faveur du mouvement de regroupement plus étroit, et de fusions, en vue d’obtenir davantage de visibilité internationale. C’est d’ailleurs dans cette optique que les regroupements d’établissements ont été initiés en France, depuis une dizaine d’années.
Ainsi, dans la simulation réalisée par Daniel Egret sur la base des critères de Shanghaï, la Comue université Paris-Saclay pointerait à la 26e place mondiale en 2016 comme en 2015, numéro deux française juste derrière Paris sciences et lettres. Elle ferait donc mieux que ses deux composantes les mieux classées : l’université Paris-Sud, qui à elle seule est 46e et l’Ecole polytechnique, qui n’apparaît qu’entre la 300e et la 400e place. Mais ce mariage reste sujet à de nombreuses réticences, comme le rappelle notre récente enquête sur ce sujet :
Le résultat serait moins probant en ce qui concerne la Comue Sorbonne universités, qui apparaît à la 40e place de la simulation du classement de Shanghaï, réalisée par PSL. Or, l’université Pierre-et-Marie-Curie (UPMC), qui en est membre, est déjà classée, à elle seule, à la 39e place du classement de Shanghaï, et numéro un française…