Dans l’agglomération pékinoise, seuls 46% des 23 millions d’habitants vivent à moins d’un kilomètre d’un mode de transport public. | FRED DUFOUR / AFP

L’Institute for Transportation and Development Policy (ITDP), une organisation à but non-lucratif spécialiste des problématiques du transport, affirme dans un rapport publié mardi 11 octobre que les grandes villes du monde n’offrent pas à leurs habitants des transports publics à la hauteur. Le problème vient en partie du fait que les 26 villes observées dans le rapport grandissent sans investir en proportion dans leur système de transports en commun.

Pour son étude, l’ITDP a calculé la part d’habitants résidant à moins d’un kilomètre de transport public efficient tel qu’un métro, un tramway ou un bus. Paris intra-muros est la ville la mieux noté avec un taux de 100% mais ce taux descend à 50% dès que l’on franchit le périphérique. Cet écart entre centre-ville et banlieue se retrouve partout dans le monde.

A Barcelone, 99% des habitants vivent près des transports en commun, 76% au niveau de la métropole. 91% des Londoniens peuvent trouver un transport à proximité mais ils ne sont que 61% à pouvoir le faire une fois en banlieue.

« Résultats désastreux » du modèle urbain centré sur la voiture

L’Europe est toutefois mieux lotie que les Etats-Unis. A Los Angeles, seuls 24% du centre-ville ont un accès facile à un transport public et le taux tombe à 11% en banlieue. En Asie, les pourcentages observés sont inférieurs à l’Europe mais la population concernée est bien plus large. A Pékin par exemple, l’agglomération représente plus de 23 millions de personnes dont 46% ont un accès satisfaisant à un bus ou à un train.

L’institut attribue la situation au modèle urbain préférentiel du 20ème siècle centré sur la voiture individuelle. « Les résultats ont été désastreux, à la fois pour la population et la planète», commente Michael Marks, l’auteur de l’étude, citant notamment les conséquences en termes de pollution et de bien-être des habitants.

« Les transports de masse devraient croître avec les villes, et pourtant dans la plupart des territoires, les pouvoirs publics comptent encore sur le trafic automobile comme premier mode de transport », déplore Clayton Lane, le président de l’ITDP.

Sachant que les villes, qui représentent trois quarts des émissions de gaz à effet de serre, devraient compter 2,5 milliards d’habitants supplémentaires d’ici 2050, agir devient urgent. « Les routes urbaines sont déjà congestionnées, alors que seuls 10 à 30% des gens possèdent une voiture! Les autorités devraient servir mieux les 70-90% restant », insiste Lane. « Les impacts du réchauffement peuvent encore être atténués s’il y a assez de volonté politique, » espère-t-il.

L’ONU tiendra sa conférence Habitat 3 sur le logement et le développement durable à Quito à partir du 17 octobre.