Chagall, le cirque Bouglione, Roberto Bolano sur les planches : des idées de sorties pour ce week-end
Chagall, le cirque Bouglione, Roberto Bolano sur les planches : des idées de sorties pour ce week-end
Chaque vendredi, La Matinale vous livre ses propositions pour égayer culturellement votre fin de semaine.
LA LISTE DE NOS ENVIES
La poésie de Marc Chagall, les acrobaties du cirque Bouglione, les couleurs flashy de Séoul, le chef-d’œuvre de Roberto Bolano mis en scène, les cuivres du Moutin Factory Quintet ou encore la carte blanche de Tino Seghal au Palais de Tokyo… il y aura de quoi s’en mettre plein la vue et les tympans ce week-end.
ART : Les peintures-poèmes de Chagall à Landerneau
« Le Cheval rouge » (1938-1944), de Marc Chagall, au Musée des beaux-arts de Nantes. | GÉRARD BLOT/RMN-GP
La poésie, et ceux qui la font, sert de fil rouge aux quelque 300 œuvres – peintures, sculptures, dessins ou estampes – de l’exposition présentée au Fonds Hélène & Edouard Leclerc, à Landerneau. On y découvre un Chagall ami des écrivains de son temps, mais aussi familier des grands textes, qu’il va illustrer grâce au galeriste Ambroise Vollard, d’abord au critique d’art Tériade ensuite, mais aussi à bien d’autres. C’est Malraux (auquel le lie une belle amitié qui culminera avec la commande du plafond de l’Opéra de Paris, dont la maquette est montrée), mais aussi le Don Quichotte, de Cervantès. C’est Louis Aragon, mais également Nicolas Gogol ; Jean Paulhan et Jean de La Fontaine ; le Décaméron, de Boccace, tout comme la Bible… Quand l’imaginaire de Chagall se confronte aux mots, sa peinture séduirait n’importe qui. Ses peintures sont des poèmes, mieux, des licences poétiques plus que des images. Harry Bellet
Fonds Hélène & Edouard Leclerc pour la culture, aux Capucins, Landerneau (Finistère). De 10 heures à 18 heures. Jusqu’au 1er novembre. www.fonds-culturel-leclerc.fr
CIRQUE : Bouglione sort ses muscles, à Paris
Cirque Bouglione
Comme chaque automne, le cirque Bouglione est de retour dans la belle enceinte en dur du quartier République à Paris, pour un nouveau spectacle, « Surprises », où les numéros s’enchaînent dans l’ambiance cabaret particulière à cette compagnie. Rythmées par les intermèdes – un peu trop fréquents – des traditionnelles danseuses-maison en frous-frous, les Salto dancers, les séquences alternent cette saison d’époustouflants numéros d’acrobates aux muscles impressionnants, un moment de magie aussi drôle que bluffant, d’élégants pas de deux entre chevaux et éléphants… Le rôle du clown est cette année tenu par un crooner raté, Totti, qui réjouit le public en l’invitant à participer à ses délires musicaux. Sylvie Kerviel
Cirque d’hiver, 110, rue Amelot, Paris 11e. Les samedis et dimanches à 14 heures et 17h15 (tous les jours pendant les vacances). Jusqu’au 27 février. A partir de 25 euros. Cirquedhiver.com
ART : Bouchardon, sculpteur hors pair, sort de l’oubli, au Louvre, à Paris
Le pape Clément XII, Edme Bouchardon, prêt du Palazzo Corsini à Florence. | © GALLERIA CORSINI, FLORENCE
Redécouverte, au musée du Louvre, du grand sculpteur de Louis XV : un dessinateur virtuose qui travaillait à la sanguine avant d’attaquer le marbre au ciseau. Après un séjour de neuf ans à Rome, où la papauté et les aristocrates s’arrachaient ses services, il est accueilli à bras ouverts chez Louis XV. Il n’a pas la notoriété d’un Houdon, pour avoir peu portraituré les stars des Lumières, et ne bénéficiera pas du feu des projecteurs. Fuyant les mondanités, il travaille sans relâche aux grandes commandes, comme la statue équestre de Louis XV, qui trôna à Paris au centre de l’actuelle place de la Concorde, avait d’être fondue à la Révolution. L’exposition de ses innombrables dessins et de ses figures de marbre pleines de vie lui rend hommage. Florence Evin
« Bouchardon (1698-1762). Une idée du beau ». Musée du Louvre, 9 heures à 18 heures. Jusqu’au 5 décembre. Mercredis et vendredis, jusqu’à 22 heures. www.louvre.fr
DANSE : Kyle Abraham danse avec les gangs, à Paris
Steven Schreiber
Il déboule pour la première fois à Paris, figure singulière de la danse américaine avec le vent en poupe et une réputation flamboyante. Kyle Abraham module un parcours aventureux, celui d’un curieux prêt à toutes les expériences pour doper son talent. Avec Pavement, créé en 2012 et présenté au théâtre des Abbesses, dans le 18e arrondissement de Paris, jusqu’au 16 octobre, il plonge dans ses souvenirs d’adolescence pour raconter le quotidien des gangs au début des années 1990. Avec sept interprètes en scène, sur des musiques associant Bach, Brel, Sakamoto et Vivaldi, Kyle Abraham fonce dans le tas et allume une danse stylée, épicée de réalisme qui swingue entre hip-hop électrique et tableaux d’ensemble limpides. Rosita Boisseau
Théâtre des Abbesses, 31, rue des Abbesses, Paris 18e. Jusqu’au 16 octobre à 20 h 30. De 10 à 26 euros.
EXPOSITION : La Corée étourdissante de Françoise Huguier à Paris
Un groupe de K-pop photographié par Françoise Huguier. | Francoise HUGUIER
La Corée du Sud, vue par Françoise Huguier, est aussi chatoyante et étourdissante qu’une boule à facettes. Au Pavillon Carré de Beaudouin, à Paris, la photographe se délecte des couleurs flashy des coques de portables et des coiffures délirantes des ados fans de musique. Ce pays, elle l’avait déjà l’avait visité en 1982. Mais il est quasi impossible de faire le lien entre ses photographies de l’époque, en noir et blanc, où posent des couples en habits traditionnels, et la contrée futuriste où s’épanouissent désormais toilettes high-tech, chevelures peroxydées et visages refaits par la chirurgie esthétique. Ses images donnent aussi à voir la part plus sombre d’un pays où la pression sociale est intense pour les recalés de la réussite économique… En témoigne le pont de la mort, qu’enjambent 22 personnes par semaine à Séoul, récemment orné de phrases culpabilisantes censées décourager les candidats au suicide. Claire Guillot
Pavillon Carré de Baudouin 121, rue de Ménilmontant, Paris 20e. Tél. : 01.58.53.55.40. Jusqu’au 31 décembre.
MUSIQUE : Moutin Factory Quintet au Sunside, à Paris
De gauche à droite, Christophe Monniot (saxophones), Manu Codjia (guitare), François Moutin (contrebasse), Louis Moutin (batterie) et Jean-Michel Pilc (piano). | DR-SUNSIDE
Programmé dans le cadre de l’opération Jazz sur Seine, festival organisé, du 7 au 22 octobre, dans vingt-cinq clubs d’Ile-de-France, le Moutin Factory Quintet est au Sunside, à Paris, jusqu’à samedi 15. Quatre soirs consécutifs dans un même lieu, ce fut durant l’« âge d’or », le commun du quotidien des musiciens, permettant que de jour en jour, la musique prenne en amplitude, confiance. De nos jours c’est plutôt exceptionnel. La formation menée par le contrebassiste François Moutin et son frère Louis, à la batterie, devrait aborder ses deux derniers jours au Sunside dans les meilleures dispositions. Circulation musicale, énergie, lyrisme, subtilité de l’écriture des frères, swing… tout cela se retrouve sur leur disque sorti fin août, Deep (Jazz Family/Socadisc), dont le répertoire sera au cœur des concerts. Jean-Michel Pilc est au piano, Manu Codjia à la guitare et Christophe Monniot aux saxophones. Le groupe partira ensuite pour une tournée aux Etats-Unis, jusque fin octobre. Sylvain Siclier
Sunside, 60, rue des Lombards, Paris 1er. Métro Châtelet, Les Halles. Tél. : 01-40-26-46-60. Vendredi 14 et samedi 15 octobre, à 21 heures. 28 €.
THEATRE : « 2666 », le spectacle-monde de Julien Gosselin, à Paris
Il reste juste un week-end – et quelques places à la vente – pour voir à Paris, aux Ateliers Berthier, 2666, l’extraordinaire spectacle-fleuve que le jeune metteur en scène Julien Gosselin a tiré du chef-d’œuvre de l’auteur chilien Roberto Bolano. On entre dans la salle de théâtre à 11 heures du matin, on en ressort onze heures plus tard, avec le sentiment d’avoir vécu une aventure hors du commun. Gosselin fait montre d’une virtuosité impressionnante pour mener jusqu’à ses ultimes développements cette histoire où se lient de manière indissoluble la question de la violence – et notamment celle du féminicide, à travers l’histoire à peine transposée des meurtres de femmes à Ciudad Juarez, au Mexique – et l’amour absolu de la littérature. Le spectacle est porté par des acteurs engagés corps et âme, au premier rang desquels Frédéric Leidgens, qui compose ici la figure ô combien émouvante d’un lettré venu d’Europe, confronté à de nouvelles formes de barbarie. Fabienne Darge
Ateliers Berthier, 10, rue André-Suares, Paris 17e. Les 15 et 16 octobre à 11 heures. De 20 à 54 €.
ARTS : Palpitante carte blanche de Tino Sehgal au Palais de Tokyo, à Paris
Entrée de l’exposition imaginée par Tino Sehgal au Palais de Tokyo. | Jardonnet
Il faut être « disponible » pour plonger dans l’exposition imaginée par Tino Sehgal. C’est-à-dire prêt à se laisser guider et surprendre, à dialoguer en tête-à-tête avec des inconnus comme à être bousculé par des récits criant de vérité. S’y joue, en somme, l’essence même du statut du visiteur d’une exposition. Seulement ici, les œuvres sont vivantes et se découvrent dans une interaction rendue concrète. Une fois franchi un seuil qui nous fait pénétrer dans un monde flottant, le visiteur se retrouve traversé par la foule ou les années, confronté à des débats, des souvenirs ou des chants en pleine lumière comme dans un noir intense. Au total, près de 300 participants de 8 à 82 ans se relaient dans un Palais de Tokyo vidé de tout, sauf d’une humanité vibrante. Une magistrale orchestration qui s’articule avec les interventions tout aussi organiques des artistes invités par Tino Sehgal. Notamment Philippe Parreno et Pierre Huyghe, qui font résonner le cœur du personnage virtuel Ann Lee, et donnent littéralement vie au bâtiment. Présences, absences et fantômes sont à l’œuvre. Emmanuelle Jardonnet
Jusqu’au 18 décembre au Palais de Tokyo, 13, avenue du Président-Wilson, Paris 16e. http://www.palaisdetokyo.com