Des supporteurs du président Maduro investissent l’Assemblée nationale, le 23 octobre 2016. | FEDERICO PARRA / AFP

Le gouvernement vénézuélien et l’opposition de centre droit ont accepté, lundi 24 octobre, à l’appel du Vatican, de commencer à dialoguer pour tenter de surmonter la grave crise politique qui frappe le pays, en plein naufrage économique.

« Aujourd’hui le dialogue national a débuté par une rencontre entre représentants du gouvernement et de l’opposition, avec l’objectif d’établir les conditions pour organiser une réunion plénière sur l’île Margarita [dans le nord du pays] le 30 octobre », a annoncé l’émissaire argentin Emil Paul Tscherrig, lors d’une conférence de presse.

Peu avant, le Vatican avait fait savoir que le pape François venait de recevoir le président socialiste, Nicolas Maduro. « Il l’a invité à entrer avec courage dans la voie d’un dialogue sincère et constructif » avec l’opposition qui demande son départ, afin d’« alléger les souffrances de la population, en particulier des pauvres » et de maintenir « la cohésion sociale », écrit dans un communiqué le Saint-Siège.

L’annonce surprise du dialogue entre gouvernement et opposition survient à un moment d’extrême tension. L’Assemblée nationale, dominée par l’opposition, a engagé ce week-end une procédure visant à traduire le chef de l’Etat, Nicolas Maduro, devant la justice, pour violation de la démocratie.

Mais la séance a été interrompue par une centaine de manifestants progouvernement, qui ont fait irruption en brandissant des insignes du Parti socialiste et en scandant « L’Assemblée tombera ! »

Manifestations dans le pays

Le Conseil national électoral (CNE) a par conséquent bloqué la procédure d’organisation d’un référendum de destitution du président Maduro, en suspendant la campagne qui devait permettre à l’opposition de réunir les quatre millions de signatures nécessaires à sa tenue.

Le Parlement a dénoncé dimanche 23 octobre un « coup d’Etat commis par le régime de Nicolas Maduro » après la suspension du processus de référendum révocatoire contre le chef de l’Etat, élu en 2013 et dont le mandat s’achève en 2019.

Plusieurs centaines d’étudiants ont par ailleurs défilé, lundi, dans les rues de San Cristobal, foyer d’agitation anti-Maduro dans l’est du pays. Des groupes de jeunes cagoulés ont notamment brûlé des ordures et érigé des barricades. « Nous voulons la liberté ! », ont scandé les manifestants, sous la surveillance des forces de police et de soldats. D’autres étudiants ont manifesté dans d’autres villes du pays, dont la capitale, Caracas.

Pénurie de 80 % des aliments et médicaments

L’opposition reproche au chef de l’Etat, héritier politique du défunt Hugo Chavez (1999-2013), d’avoir fait sombrer ce pays producteur de pétrole en plein naufrage économique, en n’ayant pas su prévoir la chute des cours du brut ni y réagir à temps.

Au quotidien, cette crise a des conséquences désastreuses pour les Vénézuéliens, obligés de patienter des heures face à des supermarchés et pharmacies aux rayons presque vides ou aux produits aux tarifs inabordables.

Les pénuries concernent 80 % des aliments et des médicaments, et l’inflation, totalement incontrôlable, est évaluée par le FMI à 475 % cette année et devrait s’élever à 1 660 % en 2017.