L’action des casques bleus au Soudan du Sud vivement critiquée dans un rapport de l’ONU
L’action des casques bleus au Soudan du Sud vivement critiquée dans un rapport de l’ONU
Le Monde.fr avec AFP
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a ordonné mardi le « remplacement immédiat » du commandant local des forces onusiennes.
Des forces éthiopiennes de la Minuss patrouillent à Juba. | ALBERT GONZALEZ FARRAN / AFP
Les casques bleus au Soudan du Sud ont réagi de manière « chaotique et inefficace » aux violences de juillet à Juba et n’ont pas su protéger les civils d’agressions sexuelles, selon un rapport d’enquête de l’ONU dévoilé mardi 1er novembre.
Ce rapport souligne notamment que la Mission de l’ONU au Soudan du Sud, la Minuss, « a échoué à répondre » à l’incursion le 11 juillet de soldats sud-soudanais dans un hôtel abritant des employés d’organisations internationales.
L’enquête n’a cependant pas pu déterminer si des soldats ne sont pas intervenus pour empêcher un viol dont ils étaient directement témoins – selon des témoignages publiés par Associated Press – indique un communiqué de l’ONU.
Le commandant des casques bleus au Soudan limogé
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a ordonné mardi le « remplacement immédiat » du commandant des casques bleus au Soudan du Sud, trois mois après l’ouverture de l’enquête onusienne.
Créée en 2011, la Minuss devait garantir le maintien de la paix dans le pays, et a été très vite renforcée en 2013 au début de la guerre civile. Début septembre, le président Salva Kiir a donné un accord de principe au déploiement de 4 000 casques bleus supplémentaires dans le pays, en plus des 13 500 actuels, et promis de faciliter le travail de l’ONU. La Minuss se plaint du fait d’être constamment harcelée ou limitée dans ses mouvements par les parties au conflit.
De précédentes alertes
Le rapport d’enquête de l’ONU répond à une longue liste de griefs adressés aux casques bleus au Soudan du Sud, accusés de n’avoir pas protégé efficacement les civils pendant la flambée de violence de l’été. Début octobre, l’ONG américaine Civic (Center for Civilians in Conflict) dénonçait la présence « inexistante » des forces onusiennes en dehors des sites de « protection des civils » où des dizaines de milliers de Sud-Soudanais s’étaient réfugiés au fil des combats.
Lorsque des travailleurs humanitaires étrangers ont été attaqués, et pour certains victimes de viols collectifs par des soldats sud-soudanais dans un hôtel proche d’une base onusienne, les casques bleus n’ont pas répondu aux appels à l’aide, estime l’ONG dans un rapport.
Les Etats-Unis ont récemment prolongé pour un an les sanctions économiques à l’encontre du Soudan, alors que le pays est soumis depuis 1997 à un embargo commercial, Washington accusant Khartoum de soutenir des groupes islamistes violents.
Le Soudan du Sud, qui a fêté cet été les cinq ans de son indépendance, vit depuis décembre 2013 une guerre civile meurtrière, opposant le président Salva Kiir aux ex-rebelles du vice-président Riek Machar. Le conflit a fait plus de 2 millions de déplacés et plusieurs dizaines de milliers de morts.