Séisme en Italie : des milliers de personnes sans toit, le patrimoine touché au cœur
Séisme en Italie : des milliers de personnes sans toit, le patrimoine touché au cœur
Le Monde.fr avec AFP
Le tremblement de terre survenu dimanche dans le centre montagneux de la péninsule est le plus puissant depuis 1980.
En images : un puissant séisme touche le centre de l’Italie
Des milliers de personnes chassées de leur maison par le tremblement de terre le plus puissant depuis 1980, survenu dimanche dans le centre montagneux de l’Italie, sont venues grossir les rangs des milliers d’autres déjà frappées par deux puissants séismes, fin août et mercredi dernier. Depuis dimanche, ce séisme, qui n’a fait aucune victime, a été suivi de quelque 1 100 répliques, dont 240 secousses d’une magnitude comprise entre 3 et 4, et 19 d’une magnitude comprise entre 4 et 5, a indiqué l’Institut national de géophysique et de vulcanologie, mardi 1er novembre.
15 000 personnes secourues
La protection civile a indiqué lundi être venue en aide à plus de 15 000 personnes, frappées dimanche par ce séisme de magnitude 6,5 dont l’épicentre se trouvait à 6 km au nord du village de Norcia. 4 500 personnes ont été relogées dans des hôtels de la côte adriatique et de la région du lac Trasimène, près de Pérouse. Dix mille autres sont hébergées dans des centres d’urgence de l’Ombrie et des Marches.
Par ailleurs, quelque 1 100 personnes sont toujours hébergées dans des structures d’urgence depuis le 24 août, mais les estimations dans la presse italienne vont de 30 000 à 40 000 personnes désormais sans toit.
Italie : le séisme filmé par des caméras amatrices
Durée : 00:47
Jusque-là épargnée par le séisme du 24 août, qui avait fait près de 300 morts, et celui de mercredi, le bourg médiéval de Norcia, proche de l’épicentre du séisme de dimanche et devenu un symbole de la catastrophe, a été déserté par ses habitants. Beaucoup ont préféré dormir dans leur voiture plutôt que de prendre le risque de s’éloigner de chez eux, mais les nuits sont froides dans cette région de montagne. Le chef du gouvernement, Matteo Renzi, a annoncé lundi soir l’envoi de conteneurs pour loger la population d’ici au « printemps ou à l’été 2017, quand nous pensons achever les maisons en bois qui les accueilleront dans l’attente de la reconstruction au sens propre du terme ».
Une reconstruction coûteuse
Dimanche, M. Renzi avait promis que « chaque église, chaque maison, chaque magasin » seraient reconstruits. « Aucun centime ne sera perdu et nous devons montrer que nous savons effectuer des travaux publics sans pertes ni vols, pas comme lors de certains épisodes du passé », a aussi écrit le président du conseil dans une lettre d’information.
La semaine dernière, le gouvernement avait débloqué en urgence 40 millions d’euros, mais le coût total de cette reconstruction, dans une zone qui s’est considérablement élargie depuis fin août, devrait atteindre plusieurs milliards d’euros. Des interventions qui seront faites en dehors du pacte de stabilité européen, qui fixe les limites au déficit public et à la dette des pays de la zone euro.
3 000 exploitations agricoles menacées
Après les trois séismes intervenus depuis fin août dans le centre de l’Italie, quelque 3 000 exploitations agricoles sont menacées dans leur activité, d’après la Coldiretti, principal syndicat agricole. Dans cette région montagneuse, où l’activité d’élevage prédomine, quelque 100 000 animaux, vaches, cochons et moutons sont également concernés, selon ce syndicat, qui réclame des mesures d’urgence.
L’agriculture dans ces territoires constitue une activité essentielle à l’économie locale, entre production agricole et agri-tourisme, relève encore la Coldiretti. Norcia, par exemple, est renommé pour sa production de salami et de jambon. Beaucoup d’éleveurs refusent de quitter leurs fermes pour ne pas abandonner leurs animaux, mais nombre d’entre eux ont des difficultés à leur trouver de l’eau ou de quoi les nourrir, selon le syndicat.
Le patrimoine touché au cœur
Clochers effrondrés, églises éventrées, façades fissurées : cette série de séismes a dévasté le patrimoine souvent très ancien du centre de l’Italie, l’une des régions les plus riches de la péninsule. L’évaluation des dommages est en cours mais, selon une première estimation des autorités, quelque 5 000 sites ont subi des dégâts, à des degrés divers, dans les Marches et en Ombrie.
Des pompiers escortent un moine dans le centre historique de Norcia, le 31 octobre. | ALBERTO PIZZOLI / AFP
« On reconstruira, peut-être, mais jamais on ne reverra ces lieux tels qu’ils étaient auparavant », se désolait le père Luciano Avenati, curé de Preci, l’une des communes les plus touchées par le séisme de dimanche. L’abbatiale Sant’Eutizio, l’un des sites monastiques les plus anciens d’Italie où il officiait il y a quelques jours encore, est en ruines. A Norcia, deux églises sont à terre, dont la basilique San Benedetto, joyau du XIVe siècle, dont seule la façade est restée debout.
A Rome aussi, des monuments ont été touchés. Des lésions ont été identifiées sur la façade de la basilique Saint-Paul-hors-les-murs et sur la coupole de l’église Saint’Ivo alla Sapienza, chef-d’œuvre de l’art baroque. « Toutes les œuvres endommagées seront replacées à l’endroit où elles étaient », a tenu à rassurer le ministre des biens culturels italien, Dario Franceschini, faisant allusion aux monuments mais aussi aux fresques, statues, tableaux ou encore vitraux qu’ils contiennent. La tâche s’annonce immense et très coûteuse.
Un déplacement du sol « hors du commun »
Mardi, le Conseil national de la recherche italien (CNR) a indiqué que le niveau du sol avait bougé par endroits de 70 cm, vers le haut ou vers le bas, tant a été forte la secousse de dimanche, d’une magnitude de 6,5.
S’appuyant sur des images satellitaires, des chercheurs du CNR et de l’Institut national de géophysique et de vulcanologie ont découvert que la déformation de la croûte terrestre dans cette région montagneuse s’étendait sur 130 km2. Un tel déplacement est « plutôt hors du commun », selon le porte-parole du CNR, Marco Ferrazzoli. Lors du séisme intervenu le 24 août dans cette même région, l’écorce terrestre n’avait pas bougé de plus de 18 cm.