Présidentielle américaine : les candidats promettent la fin des blocages institutionnels
Présidentielle américaine : les candidats promettent la fin des blocages institutionnels
Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
Selon l’American Enterprise Institute, les majorités à venir au Sénat risquent d’être à la fois, « courtes » et « brèves », ce qui multiplie les risques de paralysie.
Aux abord du Capitole, à Washington, le 2 novembre. | SAUL LOEB / AFP
Une élection pour mettre fin aux blocages institutionnels qui paralysent Washington ? C’est ce qu’ont promis les candidats à l’élection présidentielle de 2016. Hillary Clinton, la démocrate, a mis en avant son expérience de sénatrice de l’Etat de New York, entre 2000 et 2008, et sa capacité à trouver des compromis avec le Parti républicain. Donald Trump, le candidat du Grand Old Party (GOP), a fait campagne sur ses qualités d’outsider et de chef d’entreprise, indépendant des lobbys qui ont pignon sur rue dans la capitale fédérale. L’un de ses atouts, pour ses électeurs, réside d’ailleurs dans le pouvoir qui lui est prêté de changer le statu quo dans la capitale fédérale, une attente exprimée plus fortement par les républicains que par les démocrates.
Ce volontarisme risque de se heurter à une réalité tenace, quels que soient les résultats de la présidentielle. Elle tient en premier lieu à la situation qui prévaut au Congrès. Selon le chercheur Norman Ornstein, de l’American Enterprise Institute, un cercle de réflexion conservateur, les majorités à venir au Sénat risquent d’être à la fois, « courtes » et « brèves », ce qui multiplie les risques de paralysie. Si les démocrates parviennent à l’emporter le 8 novembre, ce ne sera que de justesse et dans la perspective d’un renouvellement difficile en 2018.
Polarisation inédite
A la Chambre des représentants, après les bonnes années républicaines de 2010 et de 2014, le Grand Old Party est plus solidement installé, même s’il risque de perdre des sièges pour des raisons similaires à celles invoquées à propos du Sénat. Mais le fonctionnement de la Chambre risque d’être tributaire des tensions internes au Parti républicain, responsables d’une polarisation inédite entre les deux grands partis.
Les doutes qui pèsent sur la capacité du speaker (président) Paul Ryan de se maintenir à son poste en sont une illustration. L’élu du Wisconsin est considéré comme trop modéré par la minorité radicale du Freedom Caucus, héritier du mouvement quasi insurrectionnel du Tea Party, dont certains membres ont évoqué de manière préemptive une procédure de destitution de Mme Clinton, avant même son éventuelle élection.
Le dernier pilier de l’édifice institutionnel américain, le pouvoir judiciaire, n’est pas épargné. Principalement parce qu’il dépend du Sénat pour ce qui relève des nominations les plus importantes, comme l’a montré le gel, à l’initiative du camp républicain, du siège laissé vacant dans la plus haute instance américaine, la Cour suprême, à la suite du décès du juge ultraconservateur Antonin Scalia, en février.