Turquie : le patron du journal d’opposition « Cumhuriyet » placé en détention
Turquie : le patron du journal d’opposition « Cumhuriyet » placé en détention
Le Monde.fr avec AFP
Akin Atalay rejoint en prison neuf de ses collaborateurs, dont le rédacteur en chef Murat Sabuncu, qui ont été écroués la semaine dernière.
Le patron du quotidien d’opposition turc Cumhuriyet a été placé en détention préventive par un tribunal d’Istanbul samedi 12 novembre | OZAN KOSE / AFP
Le patron du quotidien d’opposition turc Cumhuriyet a été placé en détention préventive par un tribunal d’Istanbul samedi 12 novembre, au lendemain de son interpellation, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anadolu.
Akin Atalay, président du directoire de Cumhuriyet, rejoint en prison neuf de ses collaborateurs, dont le rédacteur en chef Murat Sabuncu, qui ont été écroués la semaine dernière. La mesure a suscité l’inquiétude des défenseurs des droits de l’homme et des critiques internationales.
Le dirigeant et les journalistes de Cumhuriyet, quotidien fondé en 1924, sont accusés d’activités « terroristes » en lien avec la rébellion kurde du PKK et avec le prédicateur Fethullah Gülen, désigné par Ankara comme l’instigateur du putsch manqué en juillet, a précisé Anadolu. Visé par un mandat d’arrêt émis alors qu’il était en déplacement en Allemagne, M. Atalay était rentré vendredi en Turquie et avait été interpellé à la descente d’avion.
Farouchement hostile au président Recep Tayyip Erdogan, Cumhuriyet s’est transformé en machine à scoops sous la houlette de son ancien rédacteur en chef Can Dündar, multipliant les enquêtes embarrassantes pour le pouvoir.
« Payer le prix fort »
Il a notamment affirmé de manière retentissante en 2015, vidéo à l’appui, que les services secrets turcs avaient fourni des armes à des rebelles islamistes en Syrie. M. Erdogan avait alors averti M. Dündar qu’il allait « payer le prix fort ». Condamné pour « révélation de secrets d’Etat » en première instance, M. Dündar vit désormais en Allemagne.
Depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet, les autorités turques ont lancé de vastes purges qui ont notamment frappé la presse de plein fouet, suscitant l’inquiétude en Europe.
Selon l’Association des journalistes de Turquie (TGC), 170 organes de presse ont été fermés, 105 journalistes placés en détention et 777 cartes de presse annulées depuis le coup de force.
Vendredi, le journaliste français Olivier Bertrand, cofondateur du pure-player Les Jours, a été arrêté et placé en garde à vue par les autorités turques. Cet ancien de Libération a été « interpellé sans motif » alors qu’il effectuait un reportage dans la province de Gaziantep (sud-est de la Turquie). Sa rédaction « exige » sa libération immédiate.